ETYMOLOGIE et HISTOIRE de DOUARNENEZ

Douarnenez vient du breton « douar » (terre) et « an enez » (l’île).

Douarnenez est un démembrement de l’ancienne paroisse primitive de Ploaré (Ploerle en 1022-1058). Au XIIème siècle (vers 1118), Robert de Locuvan (ou Locronan ?), évêque de Cornouaille, fait don de l’île « saint Tutuarn » et de la terre qui en dépend « douar an enez » (terre de l’île), à l’abbaye tourangelle de Marmoutier. Un prieuré y est fondé.

Voici la traduction de l’acte de donation du prieuré de Tutuarn au monastère de Marmoutier : « Au nom de la Souveraine et indivisible Trinité le Père et le Fils et le Saint-Esprit, Moi Robert, par la grâce de Dieu évêque de Quimper, me souvenant fréquemment que les plaisirs du siècle que nous recherchons avec tant d’ardeur mais non sans péril, peuvent se racheter par les bonnes œuvres et par l’aumône, selon ces maximes : que donner l’aumône c’est assurer la pureté du coeur ; que comme l’eau éteint le feu ainsi l’aumône efface le péché ; que nous devons honorer Dieu de notre substance ; sur le conseil et avec l’assentiment de tout mon Chapitre, j’ai résolu de donner aux religieux de Marmoutiers un certain fief m’appartenant à savoir l’île de saint Tutuarn évêque et ma propre maison qui en breton s’appelle Hamoth, avec tous ses revenus et appartenances pour les posséder librement et sans trouble à perpétuité. En conséquence, l’an de l’Incarnation 1118, indiction onzième, afin d’accomplir ce que j’avais résolu, je me suis transporté à Marmoutiers et en présence de tout le Chapitre, j’ai remis entre les mains de dom Guillaume, abbé, la donation de tout ce que dessus. Voici donc ce que du consentement de tout mon clergé, de Conan, duc des Bretons, et de tous les barons de Cornouailles, pour le salut de mon âme, celui de mes prédécesseurs et de mes successeurs, j’ai donné et concédé à perpétuité aux moines de Marmoutiers, savoir : – L’église de Saint-Tutuarn avec tous ses revenus et dépendances et Hamoth comme il est dit ci-dessus ; – Deux tiers de la dîme de la peuplade de Saint-Ergat qui s’appelle en breton Plodergat ; – Un tiers du droit de sépulture de cette paroisse ; – Le tiers des oblations aux jours du Vendredi-Saint, du dimanche de la Passion et à la première messe de Noël ; – Deux tiers des dîmes de Saint-Tuoc ; – Deux tiers des dîmes de Saint-Tuian (Note : Saint-Thugen, en Primelin) avec deux tiers du droit d’étole de ladite chapelle ; – Deux tiers de la dîme de Treflac (Note : Treflas, en Beuzec-Cap-Sizun) ; – Deux tiers de Villachaux (Note : Kerargan ?), de villa Chodoem et de Lanfiat (Note : Lanfiat, en Mahalon, ainsi que Landugen) et de Landuguan. – Trois ans plus tard (Note : c’est-à-dire en 1121) j’ajoutais à ces donations les deux tiers de la dîme de Trefdujan (Note : On pourrait y reconnaître dans Trefdujan la terre de Teturien ou Treturien, en Ploudergat, dont il est question dans un acte de 1254, en observant qu’au Cartulaire de Quimperlé, la paroisse de Sancti-Tujani devient la paroisse de Saint-Tourchan, puis de Saint-Thurien) et des oblations de cette église, donation que j’ai faite au temps de dom Augoumar et que j’ai remise entre ses mains devant plusieurs témoins. Pour ratifier cette donation à jamais, nous avons pris soin de confirmer ces présentes lettres de notre sceau et de la subscription des noms des chanoines qui consentent à ce don fait à Marmoutiers. Gauthier Morguethn, Robert Milo, Raoul Judicahel, Daniel, Pierre, Geoffroy Madiou et Salomon, son frère, tous chanoines et témoins ; Audroen et Guethenoc, moines St-Martin, Josne et Hilispou, Jedecoël, Dungual Halain qui a écrit la présente charte de donation, Guarin, Derguethen et beaucoup d’autres. Et moi, Robert, évêque de Quimper, par la présente charte revêtue de mon sceau j’ai prescrit de noter que si dans les donations qui précèdent, particulièrement pour ce qui regarde la perpétuité, j’ai pu sembler outrepasser mon droit épiscopal, comme également si dans mon Evêché les religieuses ont pu faire quelqu’acquisition, je déclare l’avoir concédé en vertu de mon autorité épiscopale et j’ordonne qu’il en soit ainsi à jamais. Les témoins de ce sont : Israël, archidiacre ; Chrestien, ermite ; Hervé, clerc ; Kenmarhoc, clerc ; Budhoret ; des religieux ; Gefroy, de Nantes ; Garnier, notaire ; Donoaldus Breton. Donné l’an de l’Incarnation 1126 (1127). Signature, de ROBERT, évêque. Signature, d’ISRAHEL, archidiacre ».

Quarante ans environ plus tard, une grave dissension s’étant élevée entre plusieurs héritiers à l’occasion du partage d’un héritage, tous s’entendirent pour faire donation à l’abbaye de Marmoutier (ou Marmoutiers) des terres en litige. L’acte en fut passé par devant l’Evêque de Quimper en cette forme : « La Cupidité est telle à notre époque, qu’à peine peut-on se fier à la parole donnée et même aux conventions passées ; aussi nous Bernard (de Moëlan), évêque de Quimper, prenons-nous nous-même le soin de notifier à tous présents et à venir que Gourmelon fils de Judicael, ses frères et ses fils, à savoir Judicael et Seguin et leurs consanguins, c’est-à-dire Rivallon et ses frères, Judicael fils d’Omnes, Kanivet fils de Gueguen, Ruandelle femme de Kanivet et leur fils Alain, Harscoet fils de Glevien, Nenmen fils de Serho, Urvoy fils d’Elispoe et les autres héritiers de la terre nommée Lanplullan pour le partage de laquelle ils étaient divisés, résolurent, pour le salut de leur âme, d’en faire donation à l’abbaye de Saint6Martin à jamais et ils en ont fait la remise en nos mains et en celles de Jean actuellement prieur de l’île Saint-Tutuarn ; et pour que ce don demeure par la suite des temps ferme et infrangible, nous l’avons revêtu de notre sceau et du témoignage des personnes présentes à cette donation et dont voici les noms : Haimon, religieux de Marmoutiers ; Jacob, chanoine de St Corentin ; Ligamon fils de Rioc ; Kinmaroc fils de Bernard ; Congar fils de Donvallon ; Paris fils de Rivallon ; Tudeguar fils de Gorcun. Fait le VIe des kalendes de Novembre, an de l’Incarnation M° C° LX° II° » ;

En 1248, nous voyons Geoffroy, évêque du Mans, jouir de tous les fruits du prieuré, et en 1252 ce même évêque associe à cette jouissance son clerc Guy Talaret, avec cette condition qu’elle demeurera au dernier survivant ; et que celui-ci augmenterait avant cinq ans, les revenus du dit prieuré d’une rente de cent sous, et s’il venait à décéder avant ce terme il léguait pour ce même objet 40 livres tournois. Peu après, Guy Talaret, devenu chanoine de Quimper, comme procurateur du monastère de Marmoutiers, défendait les droits du prieuré par devant Jean Foucaud, sénéchal du Comte de Cornouaille, contre les prétentions de Geoffroy de Rostrenen, Tanguy du Ry, chevaliers, contre la dame du Juch et Senguin, écuyer, sur la terre de Lamploelan, revendiquée par le prieuré dans la paroisse de Ploëlan. Enquête à ce sujet fut ordonnée par le sénéchal au mois de Juillet 1254. Le 12 Janvier de l’année suivante, par devant l’official de Quimper, intervenait un accord entre Guy Talaret, agissant pour le prieuré de l’île Tutuarn, d’une part, et le prêtre Yves Tudgual et son frère Derien, chevalier, d’autre part, au sujet des deux tiers des dîmes réclamés par le prieuré sur la maison (tyorent) habitée par ce prêtre à Kerguélenen, en Ploetergat ; il fut convenu à l’amiable que les deux frères renonçaient à leurs prétentions, que ces dîmes appartiendraient au prieuré à jamais, mais que cependant le prêtre Yves les percevrait jusqu’à sa mort. Quelques jours après, le 16 Janvier 1255, devant l’official intervenait un autre accord entre le même Guy Talaret et Guillaume, recteur de Pouldergat, qui contestait au prieuré le droit de percevoir les deux tiers des dîmes de cette paroisse, le tiers du pain et des deniers offerts aux matines et à la première messe de. Noël, et le tiers des offrandes du Vendredi-Saint. Par composition amiable, il fut entendu que les deux tiers des dîmes étaient dus au prieuré dans toute la paroisse de Pouldergat, excepté à Kerquantinan, sur la maison d’Hervé Alain, et à Rosturnic, où depuis longtemps Hervé Alain touche les deux tiers de la dîme, et le chapelain (recteur) de Pouldergat l’autre tiers ; excepté également sur la maison du prêtre Yves Tugdual à Kerguelenen, où, également, Yves Tugdual perçoit les deux tiers, et le chapelain l’autre tiers, excepté encore sur la maison de Morvan fils de Le Borgne, où le prêtre Daniel, frère du prêtre Guillaume, perçoit les deux tiers et le chapelain de Pouldergat l’autre tiers, excepté enfin le terroir de Kerlidian, où l’abbaye de Landévennec perçoit les deux tiers, et le chapelain l’autre tiers. Le Recteur ajoutait que depuis longtemps l’église de Pouldergat percevait toutes les dîmes dans les dépendances de Kerguelenen et à Kerhiliguit, Kertremzibit, Kerten à Pratdinoer et sur la maison du fils de Guy de Colle (Creach). Mais il fut convenu que désormais le prieuré en percevrait la moitié. Quant au mode de perception des dîmes, il fut convenu que, dans deux aires à battre, le partage des dîmes serait fait par les décimateurs du prieuré, mais c’est le Recteur qui choisirait la part qui lui conviendrait. Dans la troisième aire, au contraire, le partage serait fait par le Recteur, et le choix appartiendrait aux dîmeurs du prieuré. Il fut enfin convenu que le prieuré toucherait un tiers du pain donné en offrande depuis le Te Deum de la fin des matines de Noël, jusqu’au moment où le prêtre lit Te igitur à la première messe de Noël, ainsi que le tiers des oblations laites le Vendredi-Saint. Le 18 Janvier 1255 fut terminée la contestation dont nous avons parlé plus haut et portée devant le sénéchal par la dame du Juch, touchant ses prétentions à la terre de Lanpluelan ; Havoise, dame du Juch, agissant par Adelice, sa mère, abandonna tous les droits qu’elle pouvait avoir sur cette terre, à condition que le prieuré lui assurât un anniversaire solennel le lendemain de la Madeleine, après sa mort. Et le 21 Janvier suivant, les chevaliers Guy de Rostrenen et Tanguy du Ry abandonnaient également leurs prétentions, moyennant un anniversaire pour le repos de leur âme qui serait célébré aussi le lendemain de la Madeleine, tous les ans.

A partir du milieu du XIVème siècle, l’île prend le nom de Tristan. Un hameau se développe par la suite aux abords de Pors-Commonec (port actuel de Rosmeur). Aux XVème et XVIème siècles, Douarnenez est un quartier maritime de Ploaré. Dans un aveu daté du 2 Avril 1337, Guillaume de Coetanezre, se qualifiant « escuier prévost de la prévosté de l’île Saint Tutuarne », déclare tenir sous les religieux et abbé de Marmoutiers « une place de terre appelée la place de la maison verte (ty glas) sisse jouste le port appelé le port comoneuc, moyennant le paiement de 4 sous monnaie et deux chapons de cens à chaque fête de St Etienne après Noël ». Ce nom de Commoneuc pourrait se traduire, port du Ressac, qualificatif qui convient parfaitement au port dit aujourd’hui Porrhu.

Le nom de cette localité apparaît pour la première fois dans les actes en 1541 [Note : Voir, sur le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l’île Tristan, le savant et fort intéressant travail de M. Bourde de la Rogerie, archiviste du département (Bulletin Société Archéologique, t. XXXII), auquel nous faisons de larges emprunts dans cette notice] et le V. Père Maunoir, un siècle plus tard, nous en donne l’étymologie en traduisant Douarnenez en latin, par terra insulœ, terre de l’île, Douar an enez, étymologie fort naturelle, car le terrain compris par cette désignation dépendait du prieuré fondé dans l’île, voisine appelée autrefois île de Saint-Tutuarn, et depuis 1368, île Tristan, insula Tristani. Cependant, comme l’île Tristan s’appelait primitivement île de Saint-Tutuarn, il nous paraît assez vraisemblable que le nom de Douarnenez tirerait son origine du nom du saint Evêque fondateur du prieuré, Tutuarn enez, Toutouarnenez, île Tutuarn. Quoi qu’il en soit, c’est a cette terre de l’île que nous allons consacrer cette notice, sans omettre de mentionner ses rapports avec Ploaré ou Ploelre, la mère église.

M. du Beautiez, nous apprend que Douarnenez envoyait un député aux Etats en 1613, mais que ce droit à la députation lui fut enlevé vers 1666. En 1722, un député de Douarnenez se présente aux Etats, mais l’ordre du tiers prétend qu’il n’a pas le droit d’y assister ; les Etats chargent une commission d’examiner les titres de cette ville, et concluent au rejet des prétentions de Douarnenez, parce que dans cette localité il n’y a eu aucune érection de communauté ; et ce ne fut que plus tard qu’une commune fut créée à Douarnenez, faisant cesser ainsi les conditions anormales dans lesquelles s’administrait jusqu’alors une paroisse composée de deux groupes de personnes : les paysans et les marins et négociants, dont les intérêts étaient absolument divers et souvent contraires. Cet état de chose avait été de tout temps l’occasion de démêlés pénibles entre Douarnenez et Ploaré, particulièrement lorsqu’il s’agissait d’établir l’assiette des contributions. C’est ainsi qu’en 1737, il est question de répartir entre les habitants de la paroisse 600 livres d’imposition. Les délibérants de la section do Ploaré demandaient que la ville prit la moitié de la charge, et la campagne aurait pris l’autre ; mais les délibérants de Douarnenez prétendaient au contraire que cette imposition devait s’établir sur l’étendue de la propriété foncière, et ainsi les gens de la campagne étaient plus grevés que ceux de la ville. Les paysans répondaient que ce n’était pas à raison de l’étendue du terrain qu’il fallait apprécier le revenu, et que les quelques mètres de terre possédés par les gens de Douarnenez avaient plus de valeur que des hectares de terre à la campagne. Les marins répliquaient que leurs revenus étaient fort aléatoires et, dans le mémoire de 1737, ils disaient notamment : « La pêche de sardine ayant manqué depuis sept à huit ans, les a réduits dans une si fâcheuse extrémité qu’à peine peuvent-ils subvenir à la nourriture de leur famille ; à joindre, qu’étant tous classés et obligés de servir Sa Majesté sur ses vaisseaux à sa volonté et d’abandonner à cet effet leur famille, il est évident qu’il n’y a aucun parallèle à faire de gens comme eux avec ceux de la campagne, qui sont tous gens riches et aisés et ont sans contredit plus de faculté que tous ces misérables matelots et autres habitants de Douarnenez ». Quarante ans plus tard, la différence d’intérêts entre Ploaré et Douarnenez ne faisant que s’accentuer, le « général » de Douarnenez s’adressa au Parlement pour obtenir d’avoir au moins un registre spécial et des séances particulières à Sainte-Hélène pour débattre ses intérêts ; nous donnons ici cette requête, que nous ferons suivre d’une lettre du Curé de Ploaré, rectifiant au besoin les motifs allégués dans la requête. « A nos Seigneurs de Parlement. Supplie humblement le général de l’isle Tristan et Douarnenez sous le seing de M. Daniel Madezo, notaire et procureur de plusieurs juridictions, et noble homme Louis-Jean-Marie Guillier du Marnay, représentant le dit général et pour cet effet nommé par délibération du 9 Décembre 1781, demandeurs, Disant que le prieuré de Douarnenez et l’isle Tristan, est un prieuré cure et à charge d’âmes. Le Prieur est seigneur spirituel et temporel dans l’étendue du prieuré, il est gros décimateur à la 12ème gerbe non seulement des différentes espèces de bled, mais encore de toutes filasses qui se cueillent dans le prieuré. Ce bénéfice jouit encore des deux tiers de la dixme de la paroisse de Pouldergat, des deux tiers de la dixme de la parcelle de Trelut (Trelas) en la paroisse de Beuzec-Cap-Sizun, des deux tiers de la dixme de la trêve de St Eugen en la paroisse de Primelin, le tout situé en l’Evêché de Quimper ou de Cornouaille. Sans entrer ici dans l’articulement des autres revenus de ce prieuré, l’on voit déjà qu’il équivault aux meilleures paroisses du diocèse, en ne considérant même que l’objet lucratif, cependant le général ose assurer que c’est peut-être le bénéfice le plus mal desservi de toute la province. La Cour sera sans doute étonnée que les habitans du prieuré de l’isle Tristan et Douarnenez ne reçoivent aucun secours spirituel de leur prieur, il n’entretient ici ni vicaire ni curé dans le prieuré. On n’y baptise et l’on n’enterre point. L’église de Ste Helaine qui en est la principale église, celle de St Michel qui en est dépendante, ainsi que la chapelle de l’Hôpital sont regardés comme de simples succursales de la paroisse de Ploaré, et à peine se célèbre-t-il une messe basse les dimanches et festes en l’église de Ste Helaine qui est encore desservie par les prêtres de la paroisse de Ploaré, à des heures non limitées et cela à la commodité des desservants, tantôt à 6 heures, tantôt à 7, et souvent à 8 heures. Les autres secours spirituels se rendent en la paroisse de Ploaré où les habitans du prieuré sont obligés d’avoir recours. Ces mêmes habitans sont cependant exacts à payer au prieur ou à son receveur les droits qu’ils doivent à ce bénéfice tels que dixmes, lods et rentes et autres redevances. Il est donc injuste de leur refuser les droits spirituels attachés à ces redevances suivant la maxime constante : nullum beneficium nisi propter officium. Pour expliquer ce fait extraordinaire voici ce qu’apprend l’ancienne tradition : un prieur de Douarnenez fut nommé à la paroisse de Ploaré ; il était aimé de ses premières ouailles, il les engagea à consentir à une union tacite à la paroisse de Ploaré, union qui n’a jamais été formalisée ni légale, union contre laquelle le public est toujours en droit de réclamer par la raison qu’on ne peut prescrire contre lui, union enfin par laquelle la paroisse de Ploaré a envahi le prieuré de l’île Tristan de Douarnenez quant aux secours spirituels seulement et le prieur, à qui cette union était avantageuse, a continué de jouir dans la suite de la partie lucrative du bénéfice, sans en faire la desserte. Telle est la conclusion naturelle que l’on a tirée de la tradition. Mais le général, qui a toujours ses droits entiers et imprescriptibles, réserve expressément de se pourvoir contre ces abus et d’intéresser en sa faveur la bienveillance de la Cour. Le seul objet qu’il réclame aujourd’hui est de demander que conformément à l’usage établi, seule prérogative qu’on lui ait laissée, il lui soit accordé d’avoir un registre séparé des délibérations pour le prieuré de Douarnenez. Malgré la prétendue union du prieuré à la paroisse de Ploaré, les habitants de Douarnenez ont toujours joui de la faculté d’avoir un corps séparé de délibération composé de 12 délibérants choisis et nommés parmi les habitants du prieuré. pour toutes les affaires concernant le dit prieuré, telles que pour la nomination des collecteurs des rôles des capitations, vingtième et fouages, rôles d’industrie, etc., nomination de sindic tant de la ville que des grands chemins et tous autres objets publics, le tout par délibération séparée et distincte de la paroisse de Ploaré. Il était absolument nécessaire que l’isle de Tristant et Douarnenez eut son corps politique distinct de celui de Ploaré, leurs intérêts sont très différents, les délibérations du général de Douarnenez roulent souvent sur la pêche, le commerce et autres matières de cette espèce qui intéressent le sort et le bien-être des habitans. Au contraire, le général de Ploaré, composé de laboureurs, ne délibère point sur de semblables objets. C’est donc cette diversité d’intérêt qui a donné lieu d’établir deux corps politiques pour ces deux endroits et qui a fait conserver depuis un temps immémorial cet usage utile. L’utilité de cet établissement sera encore plus grande quand les suppliants auront leur registre particulier. Dans l’état actuel, leurs délibérations se tiennent avec beaucoup de fatigue et de peine. Tous les membres de leur général sont choisis parmi les habitants de Douarnenez et ils y ont leur résidence ; cependant, au lieu de s’assembler à Ste Hélaine, qui est la principale chapelle de Douarnenez et qui est située dans le centre, ils sont contraints de se rendre à Ploaré, distant d’un quart de lieue de Douarnenez ; si le même jour les deux corps politiques ont des délibérations à prendre, alors il naît de nouveaux embarras, de nouvelles entraves et souvent des disputes très vives. Mais par une continuation de l’abus primordial de la prétendue union dont on se plaint, toutes les délibérations tant du prieuré que de la paroisse de Ploaré ont été inscrites sur un même registre d’où sont résultés les inconvénients les plus essentiels : 1° Une désunion constante entre le général du prieuré et la paroisse de Ploaré ; 2° Une confusion embarrassante pour la formation du corps politique de la paroisse de Ploaré ; 3° Des dissentions fréquentes dans les délibérations résultant des partis opposés que formaient les habitants de la paroisse et ceux du prieuré. L’on pourrait ici entrer dans le détail de cette espèce de guerre intestine, et articuler les faits particuliers qui ont déjà été soumis à la décision des tribunaux, mais on croirait abuser des moments précieux de la Cour en faisant cette analyse. On croit avoir suffisamment prouvé l’utilité et même la nécessité d’accorder au général du prieuré un registre séparé pour ses délibérations … ». Par arrêt du 7 Juin 1782, le Parlement avait fait droit à cette demande moyennant que l’on consultât le général de Ploaré, qu’on obtint son agrément pour le registre séparé et la tenue des séances du prieuré, en l’église Sainte-Hélène. Lettre à ce sujet, du 24 Juin 1782, du recteur de Ploaré, M. Clerc, à M. de la Tour : « Mon Révérend Père, les bourgeois de Douarnenez ont présenté une requête pour demander au Parlement d’avoir un registre séparé à Ste Hélène pour inscrire les délibérations qu’ils tiennent pour la ville. Pour comprendre ceci, il faut savoir : 1° Qu’il y a à Ploaré le premier et grand corps politique pour nommer les fabriques, veiller aux affaires des églises, composé de six paysans et six Douarnenistes, dont trois bourgeois et trois poissonniers, voilà ce qui constitue le vrai général de Ploaré ; 2° Que pour les affaires particulières de la campagne, comme pour imposer la capitation, nommer des collecteurs, des députés des grands chemins, les six délibérants paysans ont en outre six autres paysans qui leur sont adjoints, ce qui forme le général de la campagne ; et quand il est question des mêmes affaires pour Douarnenez, les six délibérans du grand corps politique s’adjoignent six Douarnenistes, ce qui forme le général de Douarnenez ; 3° Ces six adjoints soit pour la campagne, soit pour Douarnenez, sont ordinairement nommés par les douze principaux délibérants du grand corps politique. Jusqu’ici, les affaires particulières soit de la campagne, soit de Douarnenez étaient décidées par ces douze délibérants du second ordre respectivement et leurs délibérations étaient inscrites sur le même cahier et se tenaient à la sacristie de Ploaré, comme les délibérations du général de Ploaré. Les bourgeois ne veulent plus venir pour leurs affaires particulières à notre sacristie, ils veulent avoir un cahier séparé et tenir leurs délibérations à part à Douarnenez, voilà l’objet de la requête qu’ils ont présentée et qu’ils ont été surpris de voir suspendre par l’ordre de la communiquer au Recteur et au général de la paroisse afin d’y répondre. Je vois que les paysans ne s’y opposeront pas probablement, mais qu’ils demanderont qu’il ne leur (Douarnenistes) soit permis d’avoir ce cahier que pour ce qui concerne la ville, c’est-à-dire qu’ils n’auront aucunes archives à Douarnenez autres que celles qui sont à la sacristie de Ploaré, que pour ce qui concerne les affaires des chapelles do Ste Hélène et St Michel, la nomination des fabriques d’icelles, ils seront obligés de venir se joindre comme par le passé aux délibérations des paysans, qu’à l’avenir comme par le passé, ils seront fabriques de Ploaré, du Rosaire ô leurs années, c’est-à-dire : cette année un bourgeois, la suivante un paysan, l’autre un poissonnier et ensuite un bourgeois pour recommencer le rang, car voilà l’ordre qui se garde depuis un temps immémorial. Vous verrez (dans leur requête) qu’ils tendent à faire une trève à Douarnenez, à obliger Monseigneur à y entretenir un vicaire, qu’ils traitent ce prieuré de prieuré cure, pendant qu’il n’y a jamais été fait de baptêmes, que c’est M. Deceuille qui a transféré à Ste Hélène le St Sacrement qui, avant que Ste Hélène fût rebâtie, était à St Michel. J’ignore où ils ont été pêcher la tradition qu’un recteur de Ploaré eut le prieuré, jamais je n’ai entendu dire cette anecdote » (M. Peyron).

Pendant les guerres de la Ligue, Douarnenez est surpris par mer par Jacques de Guengat, du parti du Roi. Mais sur la fin de mai 1595, Guengat en est délogé par La Fontenelle : les maisons démolies serviront à fortifier l’île Tristan.

Voir    » La Ligue à Douarnenez « .

Parmi les épisodes qui illustrèrent le blocus des côtes françaises par les Anglais, sous le premier Empire, il en est un qui n’a guère attiré l’attention des historiens : pendant quatre ans, une escadre anglaise a stationné dans la baie de Douarnenez, à proximité de Brest, notre premier port de guerre, sans que rien ait pu être tenté pour l’en déloger.

Voir    » Les Anglais dans la baie de Douarnenez « .

Douarnenez, qui dépendait de Ploaré, tant au civil qu’au spirituel, ne devient commune qu’en 1790 et paroisse en 1875. Le 14 juin 1945, Ploaré, Pouldavid et Tréboul sont rattachés à Douarnenez, par arrêté préfectoral. Pouldavid (noté Pouldavy, au XVIème siècle) est une ancienne trève de Pouldergat (disparue avant 1789) et a été érigé en paroisse le 19 août 1880 et en commune le 22 octobre 1919. Tréboul (noté Trefboul en 1539 et Treboul en 1543) a été érigé en commune en 1880, puis en paroisse. La paroisse de Douarnenez dépendait autrefois de l’ancien évêché de Cornouaille. Le territoire de Douarnenez comprend aujourd’hui quatre paroisses (Douarnenez détachée de Ploaré en 1875, Ploaré, Pouldavid, et Tréboul ancienne trève de Poullan).

On rencontre les appellations suivantes : Terruer de Douarnenes (en 1540) et Douar an enes (en 1598).

Note 1 : Douarnenez a été certainement un poste important de l’occupation romaine, M. Le Men (Bull. 1874, p. 66) n’est pas éloigné d’y voir le Vindana portus de Ptolémée, que M. de la Borderie place à Audierne. Dans le mot Vindana, dit M. Le Men, on pourrait voir l’altération du mot breton Guic dana, ville ou bourg brûlé, et il fait remarquer que le lieu où a été construite la nouvelle église, portait le nom de Kerlosquet, qui aurait la même signification en breton ; pour légitimer cette interprétation, on peut dire que le lieu de Kerlosquet est cité en l’aveu de 1548, avant les ravages de La Fontenelle. Ce qui est indiscutable, c’est que les Romains, lorsqu’ils s’établirent à Douarnenez, y trouvèrent des traces de l’occupation gauloise. « L’île Tristan, dit M. Le Men, qui devient une presqu’île à marée basse, comme les oppida gaulois que décrit César en parlant de la guerre des Vénètes, a été elle-même un oppidum. M. Le Guillou-Pénanros, propriétaire de l’île, y a découvert, en faisant des défrichements, les substructions d’un très grand nombre de petites habitations disposées comme les cases d’un échiquier. C’est exactement l’aspect que présentent les habitations gauloises dans les oppida que j’ai explorés. On y a découvert des monnaies gauloises et un grand nombre de monnaies romaines ». D’un autre côté, les ruines romaines abondent dans la ville de Douarnenez et aux environs. Voici celles que signale M. du Chatellier dans la nouvelle édition de son important travail sur les monuments anciens du Finistère « Tuiles et débris romains, sous une grande partie de la ville, surtout à l’Ouest. Substructions romaines au passage vis-à-vis de Tréboul. A la pointe du Guet, il a été trouvé, outre des substructions, des urnes, un cippe en pierre calcaire avec représentation d’un homme armé d’une hache, une statuette en béton de Déesse-Mère, de 45 centimètres de haut, portant un torques au cou (Musée de Kernuz), une mosaïque et de nombreuses monnaies romaines. Non loin de là, en creusant des fondations, rue Fontenelle conduisant au Guet, on découvrit le 15 Février 1884, à 2 mètres de profondeur, un cercueil en plomb très épais, long de 1 m. 90, renfermant un squelette encore recouvert de lambeaux d’étoile tissée d’or, un vase en verre, un vase en terre rouge, de longues épingles en jais, remarquables par le dessin et la délicatesse du travail et un morceau de fer. Au mois d’Avril 1880, en creusant les fouilles de la maison de M. Chancerelle, les ouvriers ont mis à jour une série de petites chambres faites en forts murs de maçonnerie et revêtus d’un ciment rouge très dur. En Février 1889, en creusant pour la construction d’une maison, au coin Nord de la rue de Poullan à Port-Rhu, des ouvriers ont rencontré les restes de constructions romaines de six appartements au milieu desquels ils ont recueilli une statue de 60 centimètres de haut, en pierre calcaire. La tête est entourée d’une sorte de couronne de lauriers. Le bras droit manque, il tenait une massue dont la pointe reposait à terre, le bras gauche posait sur une rocaille et était recouvert d’une peau de lion dans sa partie antérieure, la main droite manque ; fort mutilée, cette statuette d’Hercule, d’un très mauvais style, est aujourd’hui au Musée de Quimper. Les substructions, dont les murs étaient enduits d’un beau ciment, se composaient de deux groupes parallèles entre eux et à la rivière, de trois pièces de 3 mètres carrés chacune avec une aire de béton. — Restes de poterie nombreux et de débris de repas autour des constructions qui se prolongent sous les terrains voisins. Vers 1898, d’autres substructions ont été trouvées en creusant les fondations d’une maison, près de la chapelle Sainte-Hélène. A l’île Tristan, était un oppidum renfermant un grand nombre d’habitations ; en y construisant des établissements de pêche, M. Pénanros découvrit un poignard, des fragments d’épées, trois haches à ailerons brisées, deux racloirs, une statuette et un bas-relief en bronze, une petite cuiller en argent, deux monnaies gauloises en billon et des monnaies de la colonie de Nîmes et des empereurs Vespasien, Gordien, Maximin et Constantin. A Plomarc’h, à 1 kilomètre à l’Est de la ville, murailles romaines de 2 m. 50 de haut sur 25 mètres de long avec niches à plein cintre. En 1883, on recueillit contre ce mur un squelette avec des débris de poteries et de cuisine et quelques monnaies (Musée de Kernuz). Quatre autres squelettes ont été trouvés en 1905. Dans la prairie que domine cette muraille, la sonde trouve, à 40 centimètres sous le gazon, un épais pavé en ciment, et à peu de distance, au milieu des ronces, on voit quantité de restes de maçonnerie. En 1863, un établissement de bains romains fut découvert sur la grève du Riz ; les substructions mises au jour se composent d’un premier groupe formé de trois chambres adjacentes, mesurant l’une 3 m. 60 sur 3 m. 15 ; la seconde, 4 m. 30 sur 3 m. 60 et la troisième, 2 m. sur 3 m. 60. A 20 mètres de ce premier groupe, de nouvelles fouilles mirent au jour une grande pièce allongée mesurant 17 m. 50 sur 3 m. 75, vers les extrémités de laquelle on remarquait des amorces de mur en retour d’équerre. En 1895, M. Quiniou, fermier et maître d’hôtel au Grand-Riz, voulant agrandir son établissement, mit à découvert les substructions ou caves d’une habitation gallo-romaine, analogues à celles dont on a trouvé des vestiges tout autour de la baie de Douarnenez. (Pour plus de détails, voir p. 183 du Compte rendu du Congrès de l’Association bretonne à Quimper en 1895, tome XIV, l’article de M. le chanoine Abgrall, « A propos des découvertes récentes du Grand-Riz »). Camp avec substructions romaines, à 1 kilomètre plus loin sur la falaise. Restes de constructions à Kériellou sur la falaise ».

Note 2 : La légende place dans ce qui forme aujourd’hui la baie de Douarnenez, la fameuse ville d’Ys ou Keris, séparée de la mer par une sorte de chaussée ou de digue dont les écluses auraient été ouvertes par Dahut, la fille du roi Gradlon, après une nuit d’orgie. Le roi n’eut que le temps de monter à cheval, prenant sa fille en croupe, et de courir vers les collines voisines ; mais le flot suivait les pas du cheval, et une voix s’élevait de plus en plus pressante du sein de la mer, criant : « Jette le diable dans la mer » ! Le roi comprit enfin le sens de cette injonction, il repoussa sa fille dans la mer, qui s’arrêta aussitôt, à l’endroit qui engloutit Dahut, et qui depuis s’appelle Pouldahut ou Pouldavid. Ce qui reste de cette légende, c’est qu’il semble hors de doute qu’un cataclysme a dû, vers le Vème ou VIème siècle, modifier la configuration de la côte, par suite d’un envahissement des eaux, et il n’est pas rare d’y rencontrer des troncs d’arbres assez loin du rivage, aux grandes marées. Ce qui est plus certain, c’est qu’un saint évêque, nommé Tutuarn, vint s’établir dans l’îlot qui a porté son nom d’île Tutuarn, puis d’île Tristan ; mais on ne sait rien de certain sur l’époque de cet établissement, et l’on connaît encore moins les détails de la vie de ce saint personnage ; ce qui est hors de doute, c’est qu’une église avec terres en dépendantes formait un bénéfice sous le patronage de Saint-Tutuarn, lors de la donation qu’en fit l’Evêque de Quimper au monastère de Marmoutier, en 1118. L’Evêque de Quimper qui fit cette donation fut, disent Albert le Grand et dom Morice, Robert, qui aurait été ermite à Locronan ; mais M. de la Rogerie fait observer que le Cartulaire manuscrit de Quimper, qui est conservé à la Bibliothèque nationale, marque que ce Robert fut ermite « apud Locuuan » ou Locuvan et non Locrenan (ou Locronan).

Note 3 : En 1474, transaction faite entre frère Jean de Bragde, prieur de l’île Tristan, et M. Jean Le Run, prêtre recteur de la paroisse de Ploelre, par laquelle le dit Run jouira de 22 sous de rente sur certains héritages, moyennant l’acquit de douze messes par an dans la dite paroisse et le prieur aura le surplus de la rente assigné sur « un postel et son courtil au village de Pengoet ». L’aveu du 15 Juin 1541 nous donne une idée des biens revenus et droits seigneuriaux du prieuré de l’île Tristan : « Aveu de 1541. C’est la déclaration et minu que vénérable et discret Missire Allain Paincoiet, chanoine de Cornouaille et prieur de l’isle Tristan et Douarnenez de l’Ordre de St Benoît en l’Evesché de Cornouaille soubz la juridiction de Quimper Corentin, membre dépendant de l’abbaye de Marmoutier près Tours, faict au Duc nostre Sire, du temporel du dit prieuré, les issues et appartenances que le dit Prieur tient en fyé amorty soubz le dit seigneur à foy et hommage, prieres et oraisons ; la dite déclaration faite par la cour de Kemper Corentin devant nous notaires et tabellions royaux d’icelle soubzscripts à la requeste et priere du dit Prieur. Premier. – La ville et bourg de Douarnenez, ses issues et appartenances sans rien reserver avecque la dite Isle Tristan, laquelle isle est cernée et environnée de mer, située près le dit bourg de Douarnenez, contenant soubz maisons, jardins, terres labourables et frostes environ quarante journaux de terre y comprins le terrouer et village de Penencoet situé entre le dit bourg de Douarnenez et le bourg paroissial de Plouaré. – Auquel bourg le dit prieur a haute, basse et moyenne justice sur les habitans et demeurans, exercée par sénéchal, lieutenant ordinaire, procureur, greffier, sergents, notaires et tabellions, sceaux de contract et datte de courts. – Aussy a delvoir de ventes et lots de tous et chacun les contracts d’acquisition d’heritages qui se font au fye de la juridiction du dit prieuré. – Item prend et est deub au dit prieuré moictié de chacun poisson appelé morsoy que les habittans du dit bourg peschent et prennent en la mer, sauff qu’il est deub aux prenneurs par le dit prieur pour chacun moicttié, deux potz de vin et 8 deniers de pain blanc. – Item de checun batteau soict petit ou grand apartenant aux habittans et demeurants au dit bourg de Douarnenez allant pêcher à la mer est deub audit prieur la somme de 5 soulz monnaie.de rentes par checun batteau par checun an à checun premier dimanche prochain ensuivant la feste de Monsieur St Michel en Montegargane quelque soict, une foy lan. – Item la maison prioralle du dit prieuré avec ses cours, jardins estant au dit bourg au quartier appelé Kerlosquet, contenant soubz maison, cour et jardin environ deux journaux. – Item un petit fenier près le dit bourg ferant d’un costé sur terre au sieur du Juch d’autre costé à terre au dit prieur contenant environ un journeau de terre quel est non arrenté et peut valoir par commune, estimation par checun an la sommé de 30 s. monnoie. – Item un moulin à vant estant es issues du dit bourg de Douarnenez o son distroict sur les habittans demeurants audit bourg de Douarnenez vallent par commune an environ la somme de c s. – Item est deub au prieur de cheffrante par chacun an au dit, prochain dimanche après la feste de Monsieur St Michel en Montegargane dessus les terres estant entre un croissant appelé Pouldruc et le dit moulin à vant, un disner pour luy et deux honnestes personnaiges qu’il appellera pour le accompaigner o leurs servitteurs, auquel digner doibt estre fourny un bon plat de bouilly, une longe de bœuff, deux jambons et choux sauff poyvre ; en rost deux poulles rotties, une touaille ouvré blanche sans perseures, vin blanc et vin rouge à suffire et delvent estre servy le dict vin en une tace d’argeant et un verre bouclé et s’il ce levent de table avant avoir digné, ne doibvent avoir plus à manger ne à boyre pour icelle foys ; pour laquelle cheffrante le dit prieur et ses prédécesseurs a prins por aucune foys vingt sols monnays. – Item est tenu soulz le dit prieur en proche fyé a foy et obéissance de la dite court et delvoir de rachapt, le manoir de Coetanaire ses issues et appartenances sittué en la paroisse de Plouaré appartenant et que tient à présent noble homme Jan de Quelen Sr. du Vieu chastel et de Coatanezre a cause duquel manoir le d. Sr; de Coatanaire est sergent féodé de la cour du dit preuré est tenu y sergenter. – En outre est tenu le d. Sr. de Coatanaire comparoir la vigille de la Scention pour porter les relicques gardées en l’église de St Jacques au bourg de Pouldavid processionnellement à la dite isle Tristan et les raporter jusques à une croix appelée « croix en quet » estant au dit bourg de Douarnenez et à la prinse des dites reliques est tenu canpitionner de rendre les dites reliques au dit lieu. – Item une pièce de terre froyde appelée Lesneven et ty en corps estant en la paroisse de Ploulan que tient un nommé Yvon Kernevel soubz le dit prieur pour luy en payer la somme de 15 s. monoye et ferante devers septentrion sur le grand chemin qui mesno du bourg de Pouldavid au bourg paroissialle de Ploulan et devers occidant sur des issues du manoir du Pondic et devers midy sur un autre chemin conduisant du lieu de Pouldavid à une chapelle appelée Kerynec, contenant environ 10 journeaux de terre froide. – Plus est deub au d. prieur de cens et rente à chacun pr. jour d’aoust sur les lieus qui, ensuivent : Buzmol, Roscoet, Guelen, an Oussoul, Gouffont, Frejour, Brullus, an Cornguen à Portzdruz, an Toux, an Ros, Savarier, Gourreban, Caledan, Guydallan, Roc en Beuzic, Alanou, an Brein, an Donavec, an Hillis, an Hero, Porzmarch, Clemener, Poullou, an Priol, Toullanmanguer, Penpoul, an Guen, an Corguen, Poulpry, Salaun, Gourreau, an Bouvic, Lestancou, Portz an Goreet, Carrousoner, Poul an Castellic, etc. Ces rentes consistent en quelques sous (8 au maximum) et en quelques redevances en nature, galines ou corvées ». L’acte est donné à Quimper le 15 Juin 1541.

Note 4 : Les Archives départementales possèdent une analyse assez détaillée des titres du prieuré, nous en donnons ici quelques extraits : – Le 6 Septembre 1598, transaction entre Yves Toullalan, prieur, et Yves Le Gousigou, recteur de Primelen, et les treviens ayant terres et héritages en la treve de Saint Ugen, située en la dite paroisse « lesquels, pour éviter l’incommodité qu’il y a à lever la trentieme gerbe sur chacune parée de terre, les dits tréviens ont promis pour eux et leurs successeurs aux dits bénéficiers pour chacun an, au jour de Saint Michel, savoir au Sr. prieur trois pipes et demi et au Recteur 4 pipes et deux combles tous mitillon ou seigle, et sont obligés de paier au dit sieur Prieur en la ville de Quimper deux barriques de vin de Gascoigne des arrérages du passé ». – Le 3 Janvier 1606, bail à ferme « tant des dimes et devoirs de batteaux, que le paturage de l’île Tristan et la dime nommée Poulan en vignes en la paroisse de Ploelan, pour deux ans pour en payer chacun an 18 livres. Le bail fait à Guillaume Landugen par le fondé de procuration de Mre. Jean de Berthier, évêque de Rieux et prieur de Douarnenez ». – Le 11 Janvier 1610, bail à ferme « de tous les fruits, profits et émoluments de toutes les dismes, devoirs seigneuriaux, devoir de batteaux, droits de nerisme et tous autres fruits du prieuré pour trois entières cueillettes commençant au 23 May prochain pour 80 écus sol faisant 240 livres pour chacun an, le dit bail fait par le fondé de procuration du Prieur, à Mre. Guillaume Petit, chanoine de Cornouaille ».

Note 5 : Une notice sur Douarnenez, quelque courte qu’elle soit, ne peut manquer de faire mention de Michel Le Nobletz et du Père Maunoir, deux hommes de Dieu, qui eurent une si heureuse influence sur le renouvellement de l’esprit chrétien dans ce canton. — Des oeuvres de Michel Le Nobletz nous retiendrons seulement celle qui, en quelque sorte, a caractérisé son apostolat de 22 ans (1617-1639) à Douarnenez, et dans laquelle il a voulu comme se survivre à lui-même ; c’est l’oeuvre de cartes peintes pour l’instruction chrétienne par les femmes de ce pays, oeuvre qu’il poursuivit malgré les contradictions les moins justifiées. Nous renvoyons aux historiens pour le récit des attaques dont elle fut l’objet et des réponses péremptoires de leur zélé défenseur, nous contentant de publier les documents originaux qui prouvent comment cette œuvre a été conçue pour le bien spirituel des habitants de Douarnenez tout spécialement. C’est d’abord le « contrat de donaison des cartes aux habitants de Douarnenez » ; dont nous avons sous les yeux l’original sur parchemin. « Je qui soubsigne, Michel Nobletz prestre, déclare que je laisse les cartes de la doctrine chrestienne, faites aux dépants de quelques âmes dévotes du bourg de Douarnenez, desquelles je avaicts la charge de les conserver, entre les mains de ses amis et honorables marchands Bernard Poullauec et Guillaume Coulloch son beau frère et honorables femmes Claude le Bellec veuffve de Jan le Moan et Dom Math Rolland femme de Tudec Jouin, leur vie durante, lesquelles appres leur decoix choisiront quelques aultres en leur place quy seront propres à faire le mesme office et fonction et fidelles conservateurs d’icelles. Et en cas que lesdites cartes soient mal conservées, ou qu’il en vienne quelque dispute pour elles, je laisse la charge à Henry Pobeur mon disciple, pour le bon service qu’il m’a faict, de mettre ordre à tout cela, comme si j’estais présent en ma personne ; sans toutesfois les pouvoir porter ailleurs, ne prester, ne les mettre entre les mains de personnes inhabiles à faire le bien publicq, ne contre le gré des personnes susdites, lesquelles je prie de les faire renouveller peu à peu, sellon qu’il sera expédiant pour le profit spirituel de la jeunesse, affin qu’elle puisse parvenir à la cognoissance de la doctrine chrestienne et du chemin de la vérité. Et auront les mesmes personnes le soing de conserver les cahiers manuscripts ausquels est contenue la déclaration des dictes cartes assès amplement, par la grâce de Dieu, auquel soict honneur et gloire et à son fils Jésus, pour la gloire duquel nous faisons la présente. Ainsy faict et escript, ce jour vingt unieme du mois de Janvier l’an 1624. Nous susdits nommés cognoissons avoir receu du dit Nobletz les dites cartes, et le remercions humblement du soing qu’il a de nostre salut et ont les dits Pobeur et Poullauec signé ; les autres confessent ne sçavoir signer. En oultre le dit Missire Michel le Nobletz veut qu’en absence du dit Henry Pobeur, les susdites personnes choisiront un aultre habitant du dit bourg en son lieu, lequel prendra le mesme soing et aura le mesme pouvoir. Et par mesme le dit Nobletz supplie les susdites personnes et tous autres confrères de la doctrine chrestienne de solliciter les habitants du bourg de donner chasque année ou laisser par leur testament quelque chose entre les mains du procureur des frères, pour faire autres cartes, affin de conserver la mesme facilité à ceux qui viendront après eux. Aussy il désire qu’après sa mort, on dira une messe à chant, chasque année à son intention, tandis que les dictes carthes dureront et ce, à tel jour que les confrères députeront. Et n’entend le dict Nobletz s’obliger par cest acte sa vie durante, ne en rien se priver du droict qu’il avaict cy devant, qu’en cas qu’il y arrive de mourir sans faire autre disposition. Et promectent les dictes personnes par leurs serments ne prester les cartes hors leurs maisons, à auchune personne de quelque quallité que ce soict ; et pour ce, celluy qui les gardera aura un coffre député, à deux serrures, afin que les auttres confrères gardent un des dites cleffs. Oultre, ce qui est dict des cartes, s’entend de tous tableaux, livres de dévotion et autres peintures qui seront mises entre les mains des dites personnes. Ce que les dites personnes promectent garder sellon leur possible, à quoy ils consentent par devant les soussignés nottaires de la court de l’isle Tristan, apres que se sont soubzmis au pouvoir et authoritté d’icelle et qu’ils y ont prorogé de jurisdiction à leurs personnes et biens meubles et immeubles. Et ont les dicts Pober et Poullauec signé ; et pour ce que les dicts Coulloch et Bellec et Rolland affirment ne scavoir signer, ont prié signer à leur requeste scavoir Le dict Coulloch, Dum Guillaume Brélivet prestre ; la dicte Bellec, Dum Anthoine Pennec prestre ; et la dicte Rolland Dum Charles Sanson soudiacre, présants à ce que dessus o les nottaires. Faict et le gré prins au bourg de Douarnenez, paroisse de Plouarre les dicts jour et an que devant. Michel LE NOBLETZ, prbre. Anthoine LE PENNEC, prbre ; G. BRELIVET, prbre ; SANSON ; Henry POBER ; Bernard POULLAUEC ; LYMYNIC, notaire royal ; KERSAUDY, notaire ». Les explications des cartes étaient données par les femmes, soit en public dans le cimetière, avant les vêpres, soit en particulier dans les maisons des personnes qui en avaient la garde, et où l’on venait passer quelquefois plusieurs jours pour suivre les enseignements du saint missionnaire, et faire comme une sorte de retraite selon sa méthode, même après son départ du pays ; c’est dans ce but qu’il traça aux femmes dépositaires des cartes peintes la règle suivante pour les expliquer selon la condition des personnes. « L’ordre qu’on doit observer en monstrant les caïers aux particuliers, soit dedans la maison ou dehors. Article 1. — Communément il ne faut monstrer que les cartes plus familières à ceux qui ne font qu’une passade. Art. 2. — Aux hommes masles qui ne sont pas religieux ; rien que les cartes, parce que vous auriez trop d’affaires. Art. 3. — Aux filles dévotes qui viennent expressément demeurer un mois ou plus, on monstrera les caïers, selon quE jugerez expédiant, suivant leur esprit et vocation et persévérance ; mais non pas monstrer le gros, ains un à un, affin qu’elles ne sachent votre secret, et tout par tel ordre. Art. 4. — Après les caïers des cartes, il faut monstrer le pacquet qui est chez J. Cor, marqué de ceste lettre B et puis le pacquet qui est chez M. D. marqué de ceste lettre D. Art. 5. — Se quelques amys, auxquels vous montrerez ce qu’ils voudront, voire peu à peu, à mesure qu’ils auront temps pour le lire, si vous les voyez affectionnés à la vertu ; lesquels vous recognoissez bien. Art. 6. — Si se presante quelque prestre simple, dévot et humble qui désire de voir les cahiers ; spécialement s’il fait sa demeure hors la paroisse, je ne sçay si ferez bien de les luy monstrer, parce qu’il les publierait ou les demanderait en prest, dont vous ouvririez la porte à beaucoup de fâcherie ; et seriez en danger de les perdre. Si les cachez aussy, ils demeureroient inutiles, si vos enfants n’estudient ; c’est pourquoy il faudra prendre garde de ne monstrer jamais aucun pacquet, mais quelques caïers de chaque pacquet, par ordre, selon la capacité, disposition et vertu des personnes ; commançant par l’ordre monstré en l’article 4°, ne laissant aucun caïer que pour 24 heures. Art. 7. — Les instructions du mépris du monde seront monstrées aux filles qui font profession du mespris du monde, après qu’aurez cogneu leur vertu et esprit ; à plus forte raison les autres caïers, pour deux jours chacun caïer, en leur chambre secrette. Art. 8. — Que si vous autres venant à mourir, vous mettrez les caïers entre les mains de quelque une de vous autres, prenant garde de ne les prester que à deux nommées de celles que j’ai députées, qui sont les honnestes veuffves. Quand ceux qui garderont quelques livres ou caïers, seront persécutés par l’importunité des personnes de qualité à leur prester, il les rendront au couvent des Capucins pour garder, ou les rendront chez mes nepveux Lapart ou ils voudront. Ainsin signé ce 16ème jour d’Aoust 1631. Michel LE NOBLETZ ». La pièce suivante nous montre bien le soin jaloux du vénérable missionnaire pour conserver à ses chers habitants de Douarnenez, l’oeuvre d’enseignement imaginé pour eux. « Réponse à plusieurs qui ont demandé des femmes de Douarnenez pour leur montrer la déclaration des cartes peintes. Ce 12 Janvier 1637. Il faut remarquer en ceste affaire plusieurs points dignes de considération, pour rendre leurs excuses pertinantes. Le premier, c’est que les conservateurs des dictes cartes sont obligés par promesse et par contract formel de ne porter les cartes hors le terrouer, ne les monstrer qu’au lieu et au temps destiné à cela. Mais du depuis, on a composé trois ou quatre cartes pour contenter telles personnes ; lesquelles cartes peuvent être portées par tout, mais non pas qu’on les laisserait porter par pays, à la discretion des jeunes hommes fils ou filles, parceque ce serait les gaster en les pliant et repliant si souvens : ains seulement seront portées par les personnes anciennes qui les sçavent conserver. Second point : c’est autre chose les monstrer une fois pour contenter ceux qui les désirent voir, et autre chose faire estat de les monstrer souvent pour enseigner ceux qui les désirent entendre ; car ce dernier point ne se peut faire hors de Douarnenez. Troisième point : lorsqu’il sera question de choisir des personnes pour apprendre ces cartes, il faudra prendre des gens de basse qualité et d’un esprit relevé, parceque les personnes de qualité relevée ne voudront de honte enseigner les autres. Quatriesmement, c’est chose rare trouver des personnes qui puissent estre instruites devers icelles, parce que le pauvre n’a ne le loisir, ne les moyens, et les riches ne veulent despendre pour apprendre, ne se l’umilier. De votre frère et serviteur en Jésus-Christ, M. LE NOBLETZ, prbre ». Enfin, par un dernier acte daté du bourg de Saint-Mahé, le 10 Décembre 1637, Dom Michel désigne d’une manière plus précise les femmes qui avaient été jugées propres à conserver ses cartes et caïers, et le mieux capables de les expliquer. « Moy Michel Nobletz pbre du diocèse de Leon, ay trouvé expédiant avant mon départ de ceste vie de laisser par escrit une déclaration des honorables femmes de Douarnenez lesquelles je trouve cappables et propres pour déclarer les cartes peintes, avec la permission de nos supérieurs, affin qu’on ne pense pas que je approuve touttes sortes des femmes du Bourg, lesquelles, encore qu’elles les entendent, ne sont pas touttes propres pour déclarer ces cartes. Or entre autres femmes qui les entendent et pourraient les expliquer, les plus spéciales sont celles-cy : honorables femmes Demmat Rolland veuffve de feu Thudec Jouin, Claude le Belec veuffve de feu Jan Le Moan (que Dieu les absolve), Jeanne Cabellic, femme de Yvon Cever et sa fille Marie et Anne Keranpran jeune fille laquelle a esté à St Paol de Léon déclarer une carte devant Messieurs nos supérieurs ecclésiastiques, laquelle a esté trouvée idoine pour les enseigner et permise moyennant observer quelques circonstances et conditions par eux prescriptes. De plus je supplye les femmes susdites de laisser leur déclaration semblable à autres, avant leur mort et une attestation des femmes propres pour faire la mesme fonction, autrement je déclare par le présent escrit, ne leur laisser mes cartes peintes que à telles conditions ; et laisse des à présent une supplication à Monsieur leur Recteur de ne permettre auchune personne les expliquer, ne en secret, ne en puplic, ne sub nomine pietatis error et impietas dissiminetur. C’est pourquoy il faut faire grande diligence à enseigner autres, autrement elles perdront ce grand privilège et faveur spéciale ; c’est tout ce que je leur recommande. En témoignage de quoy je soubsigne la présente ce 10 Décembre l’an 1637. Au bourg de St Mahé. Michel LE NOBLETZ pbre ». Les femmes désignées par le serviteur de Dieu furent fidèles à leur mission ; mais probablement que celles qu’elles désignèrent pour les remplacer ne montrèrent pas toujours le même zèle, car vingt ans plus tard, le pieux Evêque de Cornouaille demande instamment que cette bonne coutume d’expliquer les cartes soit reprise. « Nous René du Louet par la grâce de D. et du S. Siege Evesque et comte de Cornouaille. Avons apris que les habitants de Douarnenez avaient interrompu la louable coustume qu’ils avaient tous les dimanches devant vêpres de lire et voir dans le cimetiere ou autres places diverses, les instructions spirituelles que feu M. Michel le Nobletz avait laissé dans les énigmes et peinctures spirituelles pour imprimer la crainte et amour de Dieu dans l’esprit des fidelles, Exhortons les mesmes habitants de Douarnenez, les paroissiens de Plouaré, et autres de reprandre leur ancienne coustume selon les ordres que feu M. Michel le Nobletz nous avait proposés et que nous approuvons. Et à ce que chacun y assiste avec plus ferveur nous donnons 40 jours d’indulgence a chacun des fidelles de l’un et de l’autre sexe touttefois et quante qu’ils seront présans à ce saint exercice, avec défense à toutes personnes de les troubler sous peine de désobéissance. Donné dans nostre palais Episcopal de Lanniron ce 23 d’Aoust 1660. René DU LOUET, Eves. de Cornouaille ». Il faut croire que cette exhortation pressante de l’Evêque de Quimper eut un heureux effet ; nous ne saurions dire jusqu’à quelle époque ce pieux usage a été conservé, mais nous devons croire qu’il a duré assez longtemps, autrement nous aurions peine à nous expliquer comment nous serait parvenu, après un laps de près de quatre cents ans, un nombre relativement important des cartes et caïers du Vénérable Dom Michel, et vraisemblablement dans la caisse elle-même où ils étaient renfermés au XVIIème siècle. — Du Père Maunoir et de ses nombreuses missions à Douarnenez (Voir sa Vie, par le Père Séjourné) nous mentionnerons seulement ce don de seconde vue, on dirait aujourd’hui de télépathie, par lequel, prêchant dans l’église de Saint-Michel, le 7 Juin, il parla de la bataille navale qui se livrait au même moment à l’embouchure de la Tamise. On trouve, aux Archives départementales (E. 344), un récit détaillé de cette bataille. Voici l’intitulé de ce manuscrit : « Journal contenant la route et la relation du combat que les vaisseaux de France et ceux d’Angleterre ont rendu contre les Hollandais dans la campagne 1672 ; lequel a été faict, dans le vaisseau du Roy nommé Le Brave commandé par M. de Vallbelle, par le sieur le Moyne » (M. Peyron).

Note 6 : Nous ne ferons pas l’histoire de la pêche de la sardine à Douarnenez, mais nous publierons ici deux ou trois pièces qui pourront être utiles à ceux qui entreprendraient ce travail intéressant. C’est d’abord une délibération du général du mois de Juin 1772, par laquelle on veut obvier aux inconvénients que l’on a remarqués à cet usage qu’ont quelques-uns d’aller coucher sur le lieu de pêche, afin d’être les premiers à prendre la sardine. « Sur la demande du sieur Louis-Guillaume Guiller Dumarnay, acte lui est donné d’avoir fait publier l’ordonnance du Roi du 16 Août 1727, aux messes matines de Douarnenez et Tréboul, qui fait défense aux maîtres, compagnons et pêcheurs de sardines, de mouiller pendant la nuit dans les rades où se fait la pêche, leur ordonne de s’en éloigner au moins d’une lieue, à peine de trente livres d’amende pour la première fois, et de punition corporelle au cas de récidive ; les notables et délibérants de Douarnenez s’assembleront pour nommer entre eux le nombre de maîtres de chaloupes nécessaires pour veiller à ce que aucune chaloupe n’y contrevienne, lesquels maîtres feront leur rapport à leur tour de ceux qu’ils auront trouvés mouillés, et ils nommeront six petits bateaux passagers pour desservir les chaloupes, qui seront en bon état, et bien entretenues et auront un homme capable de les conduire en tout temps où besoin sera, et tiendra à flot, et seront payés par chaloupe, à l’usage que les notables et délibérants règleront ». En conséquence de cette première délibération, « le dimanche 26 Juillet 1772, réunion des notables, nobles gens : Jérôme-Joachim Grivart, Sr. de Kerstrat, Jacques-Vincent Larcher, Alain Guillou, François L’Haridon, M. Louis-Guillaume Guillier et noble homme Jean Raymon, Guillaume Tutor, absent, Bernard Hascoet, Jean Le Moen, Pierre Le Garrec, Jacques Urien, Vincent Urvoas, tous délibérants, assistés de M. François Porihel, sieur de Kerilis, avocat au Parlement, sénéchal de plusieurs juridictions et de celle du prieuré de l’isle Tristan, lesquels, sur la remonstrance du Sr. Dumarnay, sont d’avis que le nombre des petits bateaux passagers soit réduit à six des meilleurs, savoir : ceux de Jeanne Urien, Marguerite Cloarec, Catherine Pocquet, Marguerite Poriel, et Jean Le Gall fils, lesquels seront payés à raison de un millier de sardines par chaque bateau, chaque année … Seront au service du public et tiendront leurs agrées eu état ». Pour veiller au mouillage, on nomme « Jean Goulaire, Daniel Puziat, Louis Banalec, Joseph Quinquis, Pierre Belbéoch, Christophe Cagean et Mathurin Calédec ». Mais une question plus grave pour la pêche était celle de l’emploi de la drague, que les Douarnenistes voulaient empêcher, mais surtout défendre absolument à tout étranger. « Le 30 Décembre 1742, remontre le Sr. Jean-François Hélias, sindic de Douarnenez, que M. Guy Ricou, procureur du général à Quimper, lui a envoyé une copie de requête que Pierre Larrour, de Brest, a mis devant les juges de l’admirauté de Quimper, pour avoir permission de draguer dans la baie de Douarnenez, et pour faire condamner les dits habitants pour l’avoir indiqué contrevenant aux déclarations du Roi, au sujet de la dite pêche. Les délibérants sont d’avis qu’on consulte trois avocats à la Cour pour suivre leurs avis contre l’assignation donnée par Pierre Larrour, de Brest, au général de Douarnenez, au sujet de la pêche de la drague faite dans la baye de Douarnenez par le dit Larrour, au mois de Janvier, et en attendant le résultat de la consulte on présentera requête à Mgr. le comte de Maurepas, dans laquelle on lui déduira les raisons que les habitants ont de s’opposer à la dite pêche et le tort qu’elle leur fait et à tout le pays ». La remontrance suivante du Sr. Grivart au District de Pont-Croix, le 26 Août 1790, expose d’une manière, fort instructive les inconvénients de la drague à Douarnenez : « La pêche est une des branches essentielles du commerce maritime de la France. Celle de la sardine est la plus considérable et presque la seule qui se fasse sur les côtes de Bretagne, et l’une des plus importantes de tout le royaume. C’est une pépinière d’excellents marins et un moyen bien puissant de prévenir ou réparer les suites funestes de l’inaction de l’industrie et l’infécondité du sol que nous habitons. Une ressource aussi intéressante mérite donc l’attention la plus sérieuse et toute la faveur d’une bonne administration. Le Gouvernement est toujours frappé de cette vérité, et, adoptant avec empressement toutes les vues d’amélioration qui lui ont été présentées, il a fait prospérer ce commerce sous la protection la plus spéciale ; il était soumis à un régime général, mais des raisons de localité ayant fait sentir l’inutilité de quelques dispositions particulières, il en a été fait en faveur de Douarnenez, qui en paraissait seul ou du moins le plus susceptible. La sardine, fixée pendant l’hiver dans des climats plus doux, aborde ordinairement nos côtes vers la fin du printemps, et parcourant dans son extrême inconstance une grande latitude, elle prolonge ou précipite ses petits séjours dans les havres qui la reçoivent, suivant qu’elle y trouve aussi plus ou moins d’abri ou de subsistance. On croit généralement, et c’est un préjugé fondé sur la raison et confirmé par l’expérience, qu’un fond couvert de gouesmon et autres végétaux et comme d’une espèce de gazon maritime est aussi plus propre à fixer ce poisson volage dans sa course vagabonde. Cette raison, beaucoup moins appréciée dans les autres ports, dans les baies ouvertes à tous les hazards de la mer et des tems, qui sont à la merci de fréquentes tempêtes qui les désolent, a été vivement sentie par les habitants de Douarnenez, qui ont l’avantage d’avoir une baie close, à l’abri de tous les tems et une des plus belles qu’il y ait au monde, comblée par son site heureux de tous les dons de la nature. Il ne fallait plus qu’apprendre à en profiter et à les respecter. Les marins de cette ville, égarés par une mauvaise combinaison ou plutôt entraînés par l’intérêt du moment, qui est presque toujours incapable de calculer, s’étaient accoutumés à draguer aussi dans leur baie, comme c’en est l’usage ailleurs. Bientôt, une funeste expérience, une disette totale de pêche pendant plusieurs années leur apprit enfin, quoiqu’un peu tard, les suites de leur malheureuse imprudence ; dès lors, ils prirent le parti d’y renoncer à l’avenir, sollicitèrent et obtinrent un règlement bien sage qui défend de draguer dans la baie de Douarnenez, à peine de fortes amendes et de punitions exemplaires en cas de récidive. Jusqu’ici, on avait peu d’exemples de contravention à cette loi, deux ou trois saisies seulement avaient signalé la surveillance de nos marins. Une satisfaction plus éclatante que rigoureuse semblait avoir suffisamment vengé l’intérêt public dans un tems où la loi n’osait punir les fautes quand un homme en place l’avait commise ou suggérée. La même habitude a été continuée ; si les preuves ont été plus difficiles à acquérir, elles n’ont du moins point été impossibles. Les citoyens de Crozon, cultivateurs et marins, voyaient avec douleur, depuis longtems, plusieurs batteaux de Brest draguer sur leur côte, qui est aussi dans la baie de Douarnenez, et résolurent enfin de s’opposer avec vigueur à ces odieux brigandages. Le 20 Mai dernier, témoins encore de deux ou trois chaloupes qui draguaient sous leurs yeux, ils convinrent de s’armer sous l’autorité du chef des gardes nationales, dont ils étaient tous membres et de les chasser de suite pour s’en emparer. Le commandant leur donne des fusils et des cartouches, et déjà ils sont à la voile, sous le commandement d’un lieutenant de leur compagnie et dans deux chaloupes qui faisaient route ensemble. Le premier bateau dragueur qu’ils atteignirent se rendit sans résistance ; le second, au contraire, fuyait à toutes voiles, malgré les interpellations des gardes nationales. Ces gardes, qui avaient une mission à remplir et charge expresse de s’en emparer pour constater leurs faits et pouvoir les reconnaître, tirèrent enfin, d’abord à poudre, puis à balles, sur le refus le plus obstiné d’obtempérer. La balle, dirigée sur la coque du batteau, portant plus haut soit par fausse direction ou par l’ondulation de l’eau, frappa à l’épaule un homme de l’équipage, qui se rendit alors, et ces deux chaloupes furent conduites à Morgat et les équipages à Crozon, où la Municipalité, spécialement chargée de veiller aux intérêts de la commune, refusa absolument de prendre connaissance de cette affaire. Cette contravention n’a eu aucune suite quoiqu’elle soit des plus punissables, et ces gardes nationales sont, au contraire, traduites en justice pour avoir fait leur devoir et obéi en punissant de mauvais citoyens. Je requiers que vous invitiez MM. du Département à prendre dans la plus sérieuse considération l’affaire dont il s’agit, et à faire exécuter avec la plus rigoureuse exactitude la loi qui deffend de draguer dans la baie de Douarnenez. Jérôme GRIVART ». Une autre question préoccupait encore les pécheurs de la côte, et depuis plus d’un siècle, elle attend toujours une solution, c’était la question de la sardine espagnole. Le District de Pont-Croix en parlait en ces termes dans sa séance du 17 Septembre 1790 : « L’assemblée, doublement affectée des pertes considérables et fréquentes que font les armateurs dans les ports maritimes et surtout dans ceux de ce district, par la concurrence des poissons étrangers avec ceux de pèche nationale, par la facilité qu’ont les uns d’importer des morues, et les autres la facilité meurtrière d’introduire frauduleusement des sardines espagnoles en France à l’aide de la franchise de Bayonne, a arrêté d’inviter MM. du Département à solliciter de l’Assemblée nationale un décret qui porte : 1° la suppression de tous les droits d’entrée dans les places de consommation sur les poissons de pêche nationale, notamment sur les sardines ; 2° la prohibition la plus absolue de tous poissons de pêche étrangère qui ne sont pas nécessaires à l’approvisionnement du royaume ». Le sieur Grivart, procureur du District, avait, peu auparavant, proposé une autre mesure de répression pour un abus encore plus funeste, la distribution de l’eau-de-vie à bon marché. S’adressant aux membres du District, assemblés le 2 Août 1790, il leur disait : « J’ai l’honneur de déférer à votre bienfaisante surveillance un abus destructeur de l’humanité et qui fait de jour en jour, dans la municipalité de Douarnenez, des progrès effrayants. Avant l’ouverture de la pêche, on ne connaissait point dans toute son étendue le malheur d’avoir des eaux-de-vie à bas prix ; mais à peine les armements ont-ils été commencés, que, malgré les succès peu favorables de la pêche, le peuple, excité par l’incroyable facilité de s’ennivrer, a abondé dans le bureau de distribution pour satisfaire le besoin de son intempérance. Un usage constant et plus religieusement observé jusqu’ici, défendant toute distribution le jour des dimanches, parce que la sagesse prescrivant, sans doute, de consacrer ce jour à s’acquitter des devoirs d’une pieuse reconnaissance, la régie s’abstient, en effet, de toute distribution ; mais l’abus n’en subsista pas moins dans son entier. Les débitants s’approvisionnent par pièces énormes, distribuent tous les jours indistinctement à 30 sols la pinte, et en font une immense consommation. Il en résulte que, tous les jours de fêtes et dimanches, Douarnenez est plein de furieux, capables de se livrer à tous les excès des passions incitées par l’intempérance. Lundi, un homme yvre de la ville est tombé à la mer en manoeuvrant et se noya ; le même malheur vient d’arriver ce matin. Pour peu que la pêche devienne favorable, ce sera celui de tous les jours. Je requiers donc que vous sollicitiez sur-le-champ de MM, les Administrateurs du Département la défense expresse tant à la régie qu’à tout débitant de débiter des eaux-de-vie les jours de fêtes et dimanches, à Douarnenez principalement, et dans l’étendue du District, à peine de 200 livres d’amende » (M. Peyron).

Note 7 : La Constitution civile du clergé et le remplacement des pasteurs légitimes par des assermentés ne furent pas accueillis favorablement par les habitants de Douarnenez. On en jugera par les documents qui vont suivre, extraits des Archives départementales. Le sieur Cuiller, dans une lettre au Département, datée du 16 Mai 1791, rend ainsi compte de l’état des esprits : « Je crois devoir vous donner avis que les réfractaires ecclésiastiques, loin de renoncer à leurs manoeuvres perfides, redoublent sourdement leurs efforts pour porter le trouble et l’insurrection dans les paroisses. Des lettres circulaires se répandent avec profusion, les assemblées se multiplient, les discours incendiaires se prêchent sans retenue, l’on court les villages pour s’y faire des partisans. Samedi dernier, M. Le Normand, vicaire de cette paroisse, reçut une lettre très étendue remplie d’invectives et d’atrocités contre M. Expilly (ce loup cervier qui se présente sous la peau d’un berger pour égorger le troupeau de Jésus-Christ) pleine d’horreurs, d’abominations contre la Constitution, d’anathèmes contre les assermentés, et de prières, de caresses, de promesses pour ceux qui auraient encore le courage de se rétracter ; on les conjure, au nom de l’amitié de la religion, au nom de tant d’âmes malheureuses que les jureurs précipitent avec eux dans les enfers, etc. Cette lettre est anonyme ; mais comme il y en a beaucoup de semblables, on y a reconnu le style de Cossoul et l’écriture de Silguy, petit docteur de Paris, vieille cohue au bout de laquelle est son nom. Ils n’écrivent plus en maîtres, ils tutoient, ils embrassent : toi, le meilleur de nos amis …, le plus cher de mes condisciples … toi, le plus sage, le plus pieux, le plus achevé des ecclésiastiques, etc. Notre ci-devant recteur, M. Clerc’h, parti mardi pour Quimper, est depuis mercredi avec son curé, Gloaguen, à Poullan. La pâque s’y est donnée hier aux enfants de cette paroisse. Notre recteur avait préparé de loin ses batteries, il y a attiré quantité d’enfants de Ploaré et de Douarnenez. M. La Rufie n’était resté ici après les deux autres que pour courir les villages et exhorter les parents à mener les enfants à cette pâque ; aussi le nombre des communiants y fut-il considérable. L’office y fut des plus brillants par le nombre prodigieux de réfractaires qui y étaient et de nos Douarnenistes, qui n’approchent plus de nos églises et n’ont plus les offices qu’à Poullan et Tréboul, où on leur donna hier l’assurance qu’on retarderait la messe et les vêpres pour les attendre … ». Les anciens pasteurs n’ayant plus la libre disposition de leurs chaires pour instruire les fidèles, devaient s’ingénier pour les prémunir contre les fausses doctrines des intrus. Le moyen le plus naturel et le mieux approprié au caractère breton et à l’absence presque totale de publications périodiques, à cette époque, était de faire chanter, par des chanteurs ambulants, des chansons composées pour jeter de la déconsidération sur la Constitution et pour donner aux fidèles une règle de conduite à tenir vis-à-vis des prêtres schismatiques par rapport, tout spécialement, à la réception des sacrements. A Douarnenez, une fille courageuse avait bien voulu accepter la mission de chanter dans la ville et aux environs des chansons composées dans ce but. Les délibérations qui suivent, du District de Pont-Croix et de la Municipalité de Douarnenez, témoignent assez du dévouement de cette humble fille dans l’accomplissement de cette tâche périlleuse. « District de Pont-Croix. — Séance du 5 Septembre 1791. Vu l’arrêté de la Municipalité de Douarnenez, du 27 Août, et les copies des quatre chansons, trois en français, une en breton, qu’elle a saisies dans les mains de la fille Coublanc. Considérant qu’il n’est rien de plus important et de plus digne de fixer la vigilance de l’administration que toutes les manoeuvres dirigées par les ennemis du bien public pour entretenir la fermentation et troubler même le bon ordre ; Considérant que cette chanson bretonne ne tend qu’à avilir les autorités constitutionnelles, et celle surtout dont le discrédit est à la fois le but et l’espérance de tous les mauvais citoyens, Arrête que les pièces saisies seront adressées au Département pour qu’il juge si on doit dénoncer les chansons à l’accusateur public ou au simple tribunal de correction. Les principes contenus dans la chanson bretonne ont paru au Directoire très criminels ». Voici l’extrait de la délibération du 27 Août prise par la Municipalité de Douarnenez à cette occasion : « … S’est présenté Jacques Olivier, marin chez Mme Capelle et cordier, lequel dépose avoir entendu Marie-Jeanne Coublanc chanter une chanson incendiaire contre les ecclésiastiques assermentés, à Kerlosquet et dans la maison de Marie-Jeenne Guyader, samedi, vers les 10 heures du soir. Mandée à la Municipalité, Marie-Jeanne Coublanc, priée de livrer les chansons chantées, déclare ne les avoir pas ; mais, sur la menace d’être fouillée par des femmes, elle a laissé tomber à terre quatre chansons, qu’elle a déclaré avoir trouvées sur la rue ». La chanson bretonne n’a pas de titre ; elle compte trente et un, couplets. Les citoyens patriotes de Douarnenez, ou les citoyens constitutionnels comme ils se nommaient eux-mêmes, étaient fort peu rassurés en se voyant si peu nombreux au milieu d’une population de marins si attachée aux vieilles croyances. Le 11 Septembre 1791 (L. 246), ils en écrivirent au Département pour lui faire part de leurs inquiétudes : « Il est sans doute désolant pour de bons citoyens, amis du bien public et sincèrement attachés à leurs concitoyens, de dévoiler l’ingratitude dont ces derniers payent les égards et les services continuels que leur rendent les premiers, de dénoncer des intentions suspectes, des complots, des menaces qu’ils manifestent journellement contre les patriotes. Mais il est des circonstances où l’intérêt général et le salut, peut-être, d’une ville ne permettent plus de temporiser. Jamais, Messieurs, nos marins en général n’ont été partisans de la Révolution. Esclaves en naissant, élevés de même, courbés de tout temps sous le poids de leurs chaînes, naturellement brutaux, incapables de réflexion sur l’ignominie de leur avilissement, les nobles et les prêtres sont les seules divinités devant lesquelles ils fléchissent par terreur et qu’ils encensent par ignorance ; aussi, maîtres de cette classe d’hommes qui forme les sept huitièmes de la population, les nobles et les prêtres l’ont d’abord égarée, séduite, et si par eux-mêmes ils n’osent mettre la dernière main à leur corruption et semer ouvertement le trouble et la sédition, des agents secrets redoublent d’efforts. Tant que nos marins ne se sont affectés qu’à plaisanter les couleurs nationales ; qu’ils ne se sont portés qu’à refuser la cocarde ; tant qu’ils ne se sont opposés qu’à concourir aux gardes établis les dimanches et fêtes, en temps de pêche, pour le maintien de l’ordre ; tant qu’au mépris de notre religion sainte ils n’ont fait qu’abandonner l’office paroissial pour courir furtivement à la suite du clergé réfractaire, paisibles observateurs de leurs mouvements, nous avons couvert leur égarement, leur sottise du plus scrupuleux silence ; réduits à un très petit nombre, nous avons fourni au service requis de la totalité des habitants. Mais, aujourd’hui que, se jouant de notre complaisance, ils ridiculisent notre attachement à la Constitution, ils interdisent, par la coalition la plus contraire à l’ordre, le droit de voter, l’entrée même des assemblées primaires au reste des citoyens actifs ; qu’ils se déclarent ne recevoir à ces assemblées que les partisans du vieux régime ; qu’ils menacent jusqu’aux Officiers municipaux qui por­tent la cocarde nationale, nous requérons, Messieurs, qu’ayant égard au danger que courent une quarantaine de citoyens constitutionnels, seuls dans Douarnenez et entourés de cinq à six cents marins ennemis de la Révolution, vous ayez à statuer sur le parti le plus efficace pour rétablir l’ordre dans Douarnenez ». Le 27 Septembre 1791, un nouveau grief contre les prêtres réfractaires était porté à la connaissance de la Municipalité de Douarnenez : « … Entré, le sieur Guiller a dit que dimanche 25 courant, lors du dernier son de la seconde messe à Sainte-Hélène, des personnes de l’ancien régime croyant avoir la messe de M. La Rufie, prêtre non conformiste, venu pour y dire la messe, s’étaient tous rendus avec le peuple dans la dite chapelle, ainsi que le sieur La Rufie ; mais, lorsqu’ils virent M. Auffret (Note : Julien Auffret, né au Faouet le 7 Mars 1769, mourut à Douarnenez le 25 février 1825), l’un des prêtres constitutionnels, l’aller dire, le sieur La Rufie, sortant avec précipitation de l’église, fut suivi de ces personnes dont l’exemple entraîna dehors une foule de citoyens des deux sexes, et notamment on vit sortir des premiers le sieur Halna, sa dame et toute sa maisonnée. Cette démarche scandaleuse indigna beaucoup de citoyens présents, mais fut imitée par beaucoup d’autres qui affectèrent de rester près de l’église pour attendre que la messe du sieur Auffret finie, M. La Rufie commencat la sienne ; et ils rentrèrent alors en foule dans l’église. Que ce scandale cesse ». Le Conseil municipal, vu cette pétition du sieur Guiller, ordonne qu’on la communiquera au District de Pont-Croix. (M. Abgrall).

Note 8 : Liste des Prieurs de l’île Tristan : – 1162 : Jean. – 1248-1252 : Geoffroy de Loudun, évêque du Mans. – 1252-1270 : Guy Talaret, chanoine du Mans et de Quimper. – 1474 : Jean de Brayde. – 1535-1541 : Alain de Pencoet, chanoine de Quimper. – 1573-1580 : Guillaume Kerdiles, recteur de Poullan. – 1578-1602 : Yves Toullanlan, chantre chanoine de Quimper. – 1605-1620 : Jean de Bertier, chanoine de Toulouse. – 1623-1636 : Louis Odespung, vicaire général de l’archevêque de Tours. Signe, le 10 Mai 1623, le procès-verbal de la remise des reliques de Saint-Corentin à Mgr. Le Prestre de Lézonnet. – 1637-1651 : Jean-François Robinault, Sr. de la Haye de Mordelles, chanoine de Quimper. – 1654-1665 : Charles-Pierre Blouet, licencié en droit, chanoine de Rennes. Fut parrain, en 1662, d’une Poullaouec, de Ploaré. – 1666-1671 : Jean de Montigny, originaire de Rennes, chanoine de Vannes. Mourut le 28 Septembre 1671, à Vitré, au moment où il se rendait à Saint-Pol de Léon, dont il venait d’être nommé évêque. – 1672-1683 : Pierre de Boisbaudry de Langan, docteur en Sorbonne, prieur de Sainte-Croix de Vitré. – 1683-1686 : Dom Claude-Henri Dayneau, pourvu par l’abbé de Marmoutiers, et maintenu dans le prieuré malgré la provision surprise à Rome, contre les droits de l’abbé, par Charles Taillefer de la Barrière. – 1704-1709 : Dom Jean-Charles d’Ayneau. – 1709-1713 : Dom Jean Morand. – 1714 : Le Père Jacques-François Auffray. – 1717-1718 : Dom Joseph de Miniac. – 1720-1735 : Dom Pierre Aubin. – 1736-1747 : Dom Charles Yvicquel, procureur général de l’abbaye de Marmoutiers. A la mort de M. Yvicquel, Mgr. Farcy de Cuillé, évêque de Quimper, ayant demandé à M. de Mirepoix, chargé de la feuille des bénéfices, de venir en aide par quelques secours aux habitants de l’île de Seins, privés le plus souvent de secours spirituels parce que les prêtres n’y avaient pas les ressources suffisantes pour vivre, reçut la réponse suivante : « Versailles, le 21 Janvier 1748. Avez-vous oublié, Monseigneur, que vous m’avez demandé quelques secours pour faire instruire et administrer les habitants d’une île où aucun prêtre ne peut aller faute de pouvoir y vivre ? Nous avons un bénéfice simple dans votre diocèse que bien des gens demandent, mais que je réserve pour ces pauvres habitants de cette île. Le bénéfice vaut 400 livres et peut-être plus, mais la manière d’assurer ce revenu pour le prêtre que vous enverrez dans l’île est embarrassante. Si vous le mettez sur la tête d’un prêtre particulier, trois mois après qu’il aura pris possession, il dira que l’air de l’île ne lui convient pas, et il s’en ira. L’idée qui me vient serait que le Roi vous donnât ce bénéfice, et que vous en donnassiez le revenu à un prêtre qui irait dans l’île et qui ne jouirait de ce bénéfice qu’autant qu’il y resterait. Il faudrait enregistrer à votre secrétariat que ce bénéfice n’a été donné par le Roy que pour le desservant de l’île, qui serait à votre nomination ». Le 11 Février suivant, Mgr. de Farcy de Cuillé fut nommé prieur de l’île Tristan, et en fut titulaire jusqu’à sa mort, 28 Juin 1772. Après lui, Mgr. Grossoles de Flamarens, (1772-1773), et Mgr. de Saint-Luc (1773-1790) furent titulaires du prieuré, dont ils employèrent le revenu, environ 600 livres, à l’entretien d’un prêtre à l’île de Sein . Liste non exhaustive des Recteurs de Ploaré : – 1512 : Hervé de Lézongar ; était également recteur de Fouesnant, Penhars et Pleyben. – 1538 : Décès de Chateautio ; recteur également de Moëlan. – 1544 : Décès de Louis de La Jaille, recteur. – 1580 : Alain Le Joncourt. – 1596 : Hervé Kergonan. – 1602 : Guillaume Petit. – 1615 : Décès de Hervé Guéguen. – 1615-1639 : Jean Capitaine. – 1640-1656 : Henri Guéguennou. – 1657-1675 : Jérôme Paillart. – 1676-1706 : Guillaume Paillart. – 1708-1722 : François-Hyacinthe de la Fruglaye ; était également recteur de Crozon, de 1717 à 1722, puis seulement recteur de Crozon, d’où il fut nominé évêque de Tréguier en 1731. Mourut en 1745. – 1722-1724 : Guillaume-Corentin de la Boissière ; devint chanoine de Quimper. – 1725-1726 : Charles-Pierre Huchet. – 1742-1747 : Bernetz. – 1748-1758 : Jean-François-Joseph Kersauzon de Penandreff. – 1759-1770 : Le Brun, vicaire, devient recteur. – 1771-1776 : Du Parc. – 1776-1791 : Charles-César Le Clec’h ; déporté en rade de l’île d’Aix, il y mourut en 1794. Pendant la Révolution, Ploaré eut pour curé constitutionnel Clet Bourbé, d’Audierne, qui était professeur de physique au collège de Quimper, lorsqu’il fut élu curé de Ploaré, où il fut maintenu au Concordat, et y mourut le 18 Juin 1809. – 1809-1839 : Jean Guezengar, de Plogoff. – 1839-1869 : Charles Boga, de Plouézoc’h. – 1869-1875 : Yves-Marie Pouliquen, de Guiclan. Liste non exhaustive des Curés de Douarnenez : La cure fut transférée de Ploaré à Douarnenez le 27 Juin 1875, et la consécration de la nouvelle église, dédiée au Sacré-Cœur, eut lieu le 16 Septembre 1877. – 1875-1881 : Jean-Marie Pouliquen, ancien Curé de Ploaré. – 1881-1891 : Jean-Louis Le Duc, de Plougoulm. – 1891-1895 : Victor Bourlé, de Quimper. – 1894 : Paul-Marie Auffret, de Plougoulm, ….. Liste non exhaustive des Vicaires de Douarnenez : – 1875 : Jean-Claude Coat, Alain-Marie Le Meur, François Billant, Jacques Colin, anciens vicaires de Ploaré. – 1876 : Louis Le Roux. – 1879 : François Tanguy. – 1884 : Jérôme Trévien. – 1887 : Jean Michel. – 1888 : Vincent Pédel. – 1888 : Auguste Korbaol. – 1890 : Jean-Louis Baron. – 1894 : Mathieu Pondaven. – 1895 : Alain-Marie Le Pape. – 1901 : Corentin Le Treut. – 1901 : Yves-Marie Lohéac. – 1903 : Yves Le Roux. – 1907 : Ernest Keramoal. – 1907 : René Hénaff, ….. (Archives de l’Evêché).

Note 9 : Liste non exhaustive des maires de Douarnenez : Jérôme Joachim Grivart de Kerstrat (1790), Louis Pierre Chardon (1790-1791), Jean Le Saout (1791-1794), Guillaume Béléguic (1794-1795), Maurice Cheve (1795), Martin Louis Grivart de Kerstrat (1795-1800), Noël Durest Le Bris (1800), Martin Louis Grivart de Kerstrat (1800-1802), Jean-Marie Belot (1802-1805), Pierre Doaré (1805-1808), Bernard Démizit (1808-1813), Martin Louis Grivart de Kerstrat (1813-1815), Jean Ismard (1815-1818), Guillaume Piriou (1818-1831), Julien Debon (1831), Simon Brouilly (1832-1834), Raymond Marie Duret Le Bris (1834-1839), Philippe Broquet (1839), Jean-Baptiste Blavon Duchesne (1839-1842), Jean-Marie Delecluse (1842), Maurice Le Clech (1842), Jean-Louis Le Coq (1842-1843), Jérome Charles Grivart de Kerstrat (1843), Pierre Marie Le Breton (1843-1848), Jean-Pierre Daniélou (1848-1849), Gustave Le Guillou de Penanros (1849-1852), Pierre-Marie Le Breton (1852-1853), Yves Delorme (1853-1854), Eugène Dahirel (1854-1857), Hippolythe Guichoux (1857-1860), Gustave Le Guillou de Penanros (1860-1865), Jean Maigne (1865-1870), Claude Jezequel (1870-1871), Eugène Lucien Daniélou (1871-1873), Auguste Hurtel (1874-1877), Joseph Louis Gadreau (1878-1882), Eugène Lucien Daniélou (1882-1888), Emile Giffo (1888-1892), Eugène Lucien Daniélou (1892-1896), Emmanuel Delecluse (1896-1905), Prosper Pierre (1905-1906), François Pencalet (1906-1909), Guy Bardouil (1909-1912), Louis Guillou de Penanros (1912-1919), Fernand Le Goic (1919-1921), Sébastien Velly (1921-1924), Daniel Le Flanchec (1924-1940), Eugène Carn (1940-1943), Georges Reaud (1943-1944), Joseph Pencalet (1944-1945), Yves Caroff (1945-1949), Joseph Trocmé (1949-1951), Charles Féjean (1951), Marcel Arnous des Saulsays (1951-1959), Henri Mottier (1959-1965), Georges Reaud (1965-1967), Jean-Claude Dubourg (1967-1971), Michel Mazéas (1971-1995), Joseph Trétout (1995-1997), Jocelyne Poitevin (1997-2001), Monique Prévost (2001-2008), Philippe Paul (2008-2017), François Cadic (2017-2020), etc ….

Voir    » Le cahier de doléances de Douarnenez en 1789 « .

 

 

 

PATRIMOINE de DOUARNENEZ

l’église Saint-Jacques (XIVème siècle). Il s’agit de l’église paroissiale de Pouldavid et d’une ancienne chapelle dépendant de la paroisse de Pouldergat. L’édifice comprend une nef de plan irrégulier : au nord, cinq travées avec bas-côté ; au sud, quatre travées avec bas-côté, puis un transept avec arc diaphragme porté sur colonnes, et enfin un choeur de deux travées avec bas-côtés. L’édifice date de plusieurs époques : le porche ouest, remployé, date du XVème siècle, la nef date du XIVème siècle, le transept et le choeur datent du XVIème siècle avec fenestrage du XVème siècle, la porte latérale nord date du XVIIIème siècle. Le retable date du XVIIème siècle. Les linteaux des fenêtres de la sacristie porte les inscriptions « M. R. H. Le Guen » et « Guillemot F. ». On y voit des peintures concernant la Passion du Christ au niveau du lambris du choeur : il s’agit de seize panneaux du XVIème siècle. L’église abrite les statues de saint Jacques, la Vierge-Mère, saint Barthélémy, saint Jérôme, saint Georges, saint Corentin et une Pietà à quatre personnages. Dans son aveu de 1644, Jean de Nevet se déclare prééminencier après le souverain en cette église ;

l’église Saint-Herlé (XVI-XVIIème siècle), remaniée au XVIIème siècle. Il s’agit de l’église paroissiale de Ploaré et de l’ancienne église paroissiale de Tréboul, reconstruite à partir de 1548 (la première pierre de la tour porte la date de 1548, et peu au-dessus la date de 1550). L’édifice comporte, précédée d’une tour accostée de deux réduits latéraux, une nef de cinq travées avec bas-côtés, un transept et un choeur accosté de deux chapelles et terminé par un chevet polygonal. La première pierre du clocher porte en lettres gothiques « Lan Mil VCXL VIII » (1548) et au-dessus l’inscription « Lan MDCZL (1550) Anthoine Le Bahe Pro(cureur) – Fabrique ». On lit ensuite sur la tour, haute de plus de 65 mètres, les dates de 1555, 1557, 1578, 1582, 1586 à la base de la flèche et 1603 sur le linteau du clocheton S. E.. Le chevet date de 1620 environ. Dans la nuit du 16 mars 1751, deux clochetons ont été abattus par la foudre : ils ont été refaits par Paul Le Favennec de Pleyben. Un des piliers du bas-côté nord est daté de 1572. Les chapelles doublant les trois travées Est des collatéraux, le transept et le chevet polygonal sont édifiés autour de 1660. Les voûtes d’ogives du porche sud on été restaurées en 1679 et porte l’inscription « M. H. Paillart R. 1679 I. Ioncour F. ». La sacristie a été remaniée au XVIIIème siècle. Le maître-autel à pavillon date du XVIIème siècle. On voit dans le retable du transept nord (autel du Rosaire), une toile du Rosaire (représentant la Bataille de Lépante), oeuvre de Rome (peintre à Quimperlé) et datée de 1640. La chaire à prêcher date du XVIIIème siècle : elle est décorée des quatre évangélistes et de saint Herlé. La maîtresse vitre portait autrefois les armes de Pierre de Lannion et de sa femme Renée de Quelen qui possédaient la seigneurie au début du XVIIème siècle. Les vitraux actuels sont l’oeuvre de Labouret et datent de 1954. L’église abrite les statues de saint Corentin, la Vierge-Mère, saint Herlé en diacre, sainte Trinité, sainte Anne, saint Pierre, saint Paul, saint Yves, saint Eloi, saint Antoine, saint Isidore et une Pietà donnée par l’empereur Napoléon III ;

l’église du Sacré-Cœur (1873-1874), édifiée sur les plans de J. Bigot. Il s’agit de l’église paroissiale de Douarnenez. La flèche n’est terminée qu’en 1939. L’église est consacrée le 16 septembre 1877. L’édifice comprend une nef avec bas-côtés de six travées, un transept et un choeur de deux travées droites et rond point à trois pans entouré d’une carole sur laquelle s’ouvrent trois chapelles rayonnantes. Le clocher, avec galerie ajourée à la base de la flèche, est accosté au niveau de sa base de deux tourelles octogonales montant jusqu’aux baies. L’église abrite les statues de saint Corentin et de saint Guénolé (XXème siècle) ;

l’église Saint-Joseph (1883-1884), édifiée sur les plans de l’abbé Abgrall datés du 22 février 1881. La première pierre est posée le 17 juin 1883. Il s’agit de l’église paroissiale de Tréboul. L’édifice comprend, précédée d’un clocher porche, une nef de six travées avec bas-côtés, un transept et un choeur de deux travées droites avec bas-côtés prolongés par deux chapelles et chevet profond à pans coupés. Au-dessus du porche, on peut voir l’inscription « XIX 8bre 1884 », date de la bénédiction de l’église. L’église abrite une statue de sainte Brigitte ;

l’ancienne église Saint-Tutuarn, aujourd’hui détruite. Dans l’île Tristan (ou l’île de saint Tutuarn), c’était un sanctuaire, donné à l’abbaye de Marmoutier par l’évêque Robert de Locronan en 1118. En effet, le premier document relatif à l’île de saint Tutuarn est une notice de 1118-1121. Cette charte est établie à l’occasion de la donation de cette île (avec l’église qui y est édifiée et dédiée à saint Tutuarn, évêque et éponyme de l’île) à Guillaume, abbé de l’abbaye de Marmoutier (située en face de Tours, sur la rive opposée de la Loire). L’île et la terre qui la jouxte faisaient partie du domaine épiscopal. Le texte apprend que l’île « a été concédée, accompagnée de la propre demeure d’été « Hanvoth » de Robert (ancien ermite et évêque de Cornouaille) et de toutes les dépendances, avec l’assentiment du chapitre cathédral, le consentement de Conan, duc de Bretagne, et des barons de Cornouaille, pour le repos de ses ancêtres et le salut de ses successeurs ». Sous l’autorité de l’abbaye de Marmoutier, un prieuré est fondé dans l’île à une date qui demeure inconnue, mais que l’on peut placer entre 1126 et 1162. Un acte daté de cette époque nous apprend que le prieur de saint Tutuguarn en exercice porte le nom de Jean. En 1248, c’est Geoffroy de Loudun, évêque du Mans, qui assume cette charge, remplacé vers 1252 par Guy Talaret, clerc puis chanoine de Quimper et du Mans, qui disparaît entre 1264 et 1270 ;

la chapelle Saint-Jean (XV-XVIème siècle), appartenant à la paroisse de Tréboul et reconstruite en 1746 avec remploi de fenestrages du XVème siècle. Il s’agit d’un édifice en forme de croix latine avec chevet très allongé et sacristie polygonale sur l’aile nord. Le clocher date de 1758. L’édifice porte l’inscription « Nouel Corent F. 1746 » et sur la sacristie « M. Omnes F. 1714 ». La chapelle abrite les statues de saint Jean Baptiste, sainte Marguerite, saint Roch, saint Corentin et un Ange Gabriel provenant d’une Annonciation ;

la chapelle Saint-Vendal ou Saint-Guendal ou Saint-Guinal (XVI-XVIIème siècle), dépendant de la paroisse de Pouldavid. Il s’agit d’un édifice rectangulaire de la fin du XVIème siècle : on lit 1591-1592 au-dessus de la fenêtre et de la porte du mur Sud ainsi que sur la façade Nord. L’édifice porte plusieurs inscriptions : au sud, près de la porte plusieurs inscriptions avec la date de 1597, à gauche de la porte ouest, deux inscriptions « I. Tangi F. » et plus haut « Io. Bescond. Fab. 1607 », sur la sacristie « M. Quideau TRer ». Le clocher carré porte un petit dôme amorti par un faux lanternon. Les retables datent du XVIIème siècle. La chapelle abrite les statues de saint Vedal, et deux statues de la Vierge-Mère dont une sous le vocable de Notre-Dame de Rumengol. Un autel extérieur sous auvent est adjoint au flanc Nord de la chapelle en 1881 ;

la chapelle Sainte-Hélène (XVI-XVIIème siècle) dépendant de la paroisse de Douarnenez. Elle a été restaurée et remaniée vers le milieu du XVIIIème siècle (vers 1755). Cette chapelle a desservi l’île Tristan après la disparition de la chapelle Saint-Tutuarn. L’édifice comprend une nef avec bas-côtés de trois travées et un choeur profond à chevet à pans coupés. Les grandes arcades sont en plein cintre, les portes en anse de panier et les fenêtres en arc brisé. La chapelle abrite les statues de saint Philibert, sainte Hélène, saint Jean Discalceat, la Vierge Mère et un saint moine (saint Tutuarn ?) ;

Nota 1 : Cette chapelle était celle où se desservait le prieuré de l’île Tristan, au moins depuis la disparition de la chapelle Saint-Tutuarn dans l’île. L’édifice actuel, dont l’ensemble remonte jusqu’à la fin du XVème siècle, a été réparé à diverses époques, notamment vers le milieu du XVIIIème siècle, car il tombait en ruines, et c’est à cette circonstance que nous devons de posséder un relevé des armoiries et prééminences de la chapelle avant sa restauration. Le procès-verbal est dressé, le 17 Janvier 1752, par « M. Jan Bernard Bourriquen, sieur de Quenerdu, advocat à la Cour, sénéchal et seul juge de la juridiction du prieuré de l’île Tristan, en présence de M. Joseph Bernard Demezit, advocat à la Cour et substitut du sieur procureur d’office de cette juridiction ». Après avoir constaté que les murs sont lézardés, ils déclarent « que dans la maîtresse vitre, il y a un grand écusson en supériorité parti de France et de Bretagne ; que plus bas et au côté de l’Evangile est un écusson : d’azur au léopard rampant d’argent armé et lampassé de gueule, chargé au poitrail d’un lozange d’or ; qu’au vis-à-vis, côté de l’Epître, est un autre écusson : d’azur à l’éléphant d’argent chargé d’une tour d’or. Au bas de la dite vitre, côté de l’Epître, est un écusson portant : d’azur à la tour d’or. Dans la vitre à gauche de la précédente, au-dessous des armes de France et Bretagne, est un écusson, côté de l’Evangile : d’azur au sautoir d’or cantonné de quatre croix d’or, et un autre au côté de l’Epître : d’azur à la tour d’or. Ces deux mêmes écussons sont dans la vitre au-dessus de la sacristie. Ce sont les seuls écussons trouvés dans la chapelle ». Dans cette chapelle, on trouve encore des restes de vitraux dans deux fenêtres au bas des collatéraux. Fenêtre Nord : Baiser de Judas. — N. S. devant Pilate. — Crucifiement. — Résurrection. Fenêtre Sud : Agonie au jardin. — Portement de croix. — Jugement dernier. — Donateurs avec inscriptions. Ces sujets ont dû former un ensemble dans une fenêtre plus ancienne comprenant trois baies. Les Archives départementales possèdent plusieurs comptes de fabrique de cette chapelle. Nous y relevons : – En 1637, un inventaire des ornements, qui montre qu’elle était convenablement pourvue : deux calices en argent et deux en étain, cinq ornements, une chasuble et deux tuniques en velours. – On y reçoit du sel « pour droit de mesure », c’est-à-dire que dans la chapelle devait se trouver une sorte de récipient étalon pour la mesure du sel, et ce récipient qui, à raison de son prix, devait être en bois, était fourni aux frais de la chapelle ; car au compte de 1644, le comptable marque : « Pour faire deux mesures à mesurer le sel, 7 s. 60 d. » . Le revenu de ce droit n’était pas considérable et se montait pour l’année 1637, à 5 livres. 13 sols 6 deniers. – Nous remarquons que la dédicace de l’église se célébrait au jour de l’Ascension, que saint Philibert était tout particulièrement honoré à Sainte-Hélène, ainsi que saint Cadou, et que l’on paya à Noël Le Goff, peintre, en 1643, 41 livres 5 sols pour peindre son image. – A l’occasion des prédications de Carême, on offrait au prédicateur un tourteau de pain et une écuellée de beurre, plus 18 livres d’honoraires. – En 1637, les Hyrlandais (Irlandais) furent à Douarnenez, ce qui occasionna sans doute un surcroît de dépenses pour les habitants, car le compte porte : « Avoir presté aux parois­siens tant des champs que de la ville, lorsque les Hyrlandais furent en ceste ville, 42 livres ». – En 1639, des réparations assez considérables sont faites sur l’église, des bois sont achetés pour cela à Saint-Alouarn, en Guengat, et 20 sols sont dépensés « en cinq aulnes de ruban de soy aux charpentiers pour leurs faveurs ». – En 1640, les vitres sont réparées par Mathieu Bernard, peintre (18 livres). – En 1645, Yves Guenea, peintre, reçoit 40 livres 15 sols pour peindre le dais sur le grand autel, et en 1650, M. Alain Madec, peintre, en reçoit 145 livres « pour avoir fait les deux retableaux des autels de St Antoine et de Ste Anne ».

la chapelle Saint-Michel (entre 1663-1665) dépendant de la paroisse de Douarnenez. Une chapelle aurait existé fort anciennement sous ce vocable à Douarnenez : elle est mentionnée dès 1312 mais n’était pas à cet emplacement. La chapelle Saint-Michel est édifiée, semble-t-il, par Julien Maunoir, successeur de Michel Le Nobletz, à l’instigation de Catherine Daniélou sur l’emplacement de la maison habitée par Michel Le Nobletz. La première pierre est posée le 12 août 1663 et un terrain pour construire un cloître attenant est acquis le 29 juillet 1668. Une inscription et la date de 1664 sont visibles au-dessus de la porte principale, sous le clocher : « Mre Hie(rosme) Paillart. P. Recteur. de Plouarre. Michel Poullaouec Fabrique 1664 ». Sur le clocher se trouve la date de 1665 et au sud l’inscription « Mathieu Lozeach ». La chapelle forme une croix : les deux bras du transept et l’abside sont terminés en hémicycle. L’autel est surmonté d’un retable à colonnes torses avec la statue de saint Michel terrassant le dragon, surmonté d’un groupe de la Sainte-Trinité. A droite et à gauche sont la Sainte Vierge et Sainte Anne. Dans le transept sud, une peinture sur toile représente l’Enfant Jésus et sa mère apparaissant à Dom Michel Le Nobletz. De curieuses peintures, exécutées de 1667 à 1675, ornent le lambris de la voûte : elles forment quarante-neuf tableaux représentant l’histoire de Notre-Seigneur, de la Vierge et des Anges. Au recoupement du transept et de la nef, on lit plusieurs inscriptions avec les dates de 1667, 1674, 1675, 1692 « N. H. Lanlarch Gouverneur 1674. Mre Guillaume Paillart Recteur 1675 – Peint par le sieur de Pratanbars 1675. Me Michel Conan. Poullaouec. Cure. – V. et Discret G. Pailart docteur 1692. M. H. Alain Savidan Gouverneur 1675 – Messire Jan Couloch Curé 1675 – Messire Hierosme Paillart 1667 ». Au bas d’un tableau représentant Michel Le Nobletz, se trouve l’inscription « le Révérend Père Michel Le Nobletz mourut en 1652 âgé de 75 ans ». La chapelle abrite des statues anciennes du XVIIème siècle : Trinité, saint Michel, la Vierge-Mère, sainte Anne et saint André ;

Nota 2 : Une œuvre qu’on peut attribuer à la vénération du Père Maunoir pour son saint maître, Monsieur Le Nobletz, c’est la construction de la chapelle de Saint-Michel à Douarnenez. Voici comment le Vénérable Père Maunoir raconte l’érection de cette chapelle de Saint-Michel, dans une vie manuscrite qu’il a laissée d’une femme de Quimper, Catherine Daniélou, qui éprouva elle-même, en plusieurs occasions, une protection singulière de la part de l’Archange saint Michel : « Catherine Daniélou a coopéré à l’érection de la chapelle de Douarnenez, au lieu où le Père Michel Le Nobletz, renommé pour ses vertus et miracles, avait demeuré l’espace de vingt-trois ans à diverses reprises. Notre-Dame révéla à Catherine, trois ans devant qu’on bâtit cette église, qu’un jour il y aurait à Douarnenez une chapelle autant fréquentée que Sainte-Anne d’Auray. Dès que le Père Maunoir — que le Père Michel élut pour son successeur vingt-deux ans devant sa mort — conçut le désir de faire bâtir ce lieu de dévotion, cette servante de la Vierge l’encouragea dans son dessein. Le recteur de Ploaré (Note : Paroisse qui comprenait alors la ville de Douarnenez) et les habitants de Douarnenez n’y avaient aucune inclination, ce simple peuple se formait mille chimères, s’imaginant que si cette chapelle était une fois bâtie, ce serait la perte de toute cette république. Enfin, par le conseil de Catherine, Madame de Pratglas, ayant acheté la maison où avait demeuré l’homme de Dieu, gagna Monsieur l’Evêque pour ce pieux dessein. On avait déjà entendu par neuf fois sonner diverses sortes de cloches dans ce lieu, encore qu’on n’en eût vu aucune. On a fait information juridique de cette merveille. Monseigneur de Cornouaille (Note : Mgr. René du Louet, évêque de Quimper, 1642-1668), qui n’avait pu marcher depuis six mois, se fit porter en cette maison de l’homme de Dieu en compagnie de M. Amice, son promoteur, de MM. les Recteurs de Ploaré et de Ploulan (Poullan), des Révérends Pères Alain de Launay et Julien Maunoir, et d’un grand peuple de la paroisse de Ploaré et de la ville de Douarnenez. En ce même jour il appuya sur ses pieds, commença à marcher, le lendemain il entendit la messe à genoux ; depuis six ou sept mois il n’avait pu fléchir les genoux ni faire un pas, ni appuyer sur ses pieds. Ensuite de ce voyage, il se porta de mieux en mieux, dit la messe, conféra les ordres, fit sa visite, prêcha dans sa cathédrale, chanta les trois messes de Noël en l’église Saint-Corentin, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. En conséquence, Monseigneur ordonna qu’on bâtit une chapelle en l’honneur de saint Michel Archange dans le lieu où avait demeuré M. Le Nobletz près de vingt-trois ans. Le 12 d’Août 1663, fut posée la première pierre de l’église de Saint-Michel ; et depuis, plusieurs pèlerins abondent tous les jours en ce lieu des Evêchés de Léon, de Cornouaille, de Tréguier et de Vannes. Mgr. de Cornouaille a donné quarante jours d’indulgence à ceux qui visiteront cette chapelle le mardi, chaque jour du mois de Mai, à ceux qui communieront et y feront dire la messe. N. S. Père le Pape Alexandre VII a donné indulgence plénière à ceux qui se confesseront, communieront et visiteront ce lieu le 1er dimanche d’après Saint-Michel. Catherine Daniélou fit de grandes prières pour attirer les bénédictions du ciel sur ce lieu ; sa bonne maîtresse (la Sainte-Vierge) lui communiqua le plan et la forme de la chapelle comme elle est à présent, il n’y avait que 7 livres d’assurées pour commencer cet ouvrage, qu’on avait reçues lorsqu’on planta la première croix devant le lieu destiné au saint édifice. Elle lui ordonna de dire à son directeur (au P. Maunoir) de prendre courage, que rien ne manquerait, et que quand il faudrait couvrir la chapelle d’argent, il y en aurait assez. L’effet fit voir la vérité de la prophétie : en trois jours on reçut 1.100 livres, et la première année 7.000 livres ; de plus, cette surintendante de ce bâtiment (la Sainte-Vierge) donna charge de faire le mois de Mai, les premières années, la mission, ce qui fut fait ; on peut dire sans hyperbole que dans chaque mission plus de quatre-vingt mille personnes y assistèrent chaque année avec des conversions extraordinaires. Depuis le commencement de la bâtisse jusqu’à présent, on fréquente presque tous les jours cette place dévote. Les miracles qui ont été faits en faveur de ceux qui s’y sont voués sont sans nombre, bien avérés. On peut voir une partie de ces grâces dans le recueil des miracles que Mgr. de Cornouaille a approuvé » (Extraits des vies de M. Le Nobletz et de Catherine Daniélou, par le R. P. Maunoir). Un cantique breton, composé par le P. Maunoir, conserve encore la mémoire de toutes ces merveilles : – Monsieur de Cornouaille a ordonné – Qu’à Douarnenez, au lieu où a demeuré M. Le Nobletz, – A Porzru près de la mer fut élevé une chapelle – A la gloire de Dieu et en l’honneur de Monsieur saint Michel. – Neuf fois les anges du ciel ont fait entendre le son – D’une cloche invisible au lieu où il a demeuré : – Prenez courage, et hâtez-vous, chrétiens, – Neuf sons ont sonné, il est temps de venir à la messe. – Beaucoup de pèlerins sont venus de bien loin – Pour visiter cette chapelle, et bien sûr – Que les seuils, seroient-ils de fer, en seront usés – Par les pèlerins que Dieu y envoie. Voici les premiers couplets de ce cantique breton qui se trouve dans l’ancien recueil des cantiques du Père Maunoir : 1° Micael Noblet, guir mignon dar Rouanes ar bet, – C’hui so bet en ho puez tensor bras cuset, – Hoguen gant ar Bretonnet e viot disoloet, – Goude an oll poaniou bras oc’heus bet anduret. 2° Ebars en ho ti santel ar Groas oc’heus douguet, – 0 clasq distrel oc’h Doue ar bec’herien dallet, – Quiteet oc’heus ho preudeur querent ha mignonet – Evit ma halsac’h liproc’h catec’hisa ar bed. 3° Hon tat leun a drugarez petra livirit-hu ? – Hac e viot er Barados leun a gloar e peb-tu, – Pidi a ran evidoc’h ma vizac’h pardonnet, – Evit ma teuziac’h em zi eleac’h emeus chomet. 4° Ebars e Douarnenes ezoa va demeuranc, – Ne falle quet din neuse frecanti an Noblanc, – Nemet gant tut paour o simpl ezoan neuse hantet, – Dezo e roen va bennos ha dar re affliget. 5° Tivit va Douarnenezis mar emeus o quiteet, – Ne doc’h quet dirac Doue gueneme ancounec’het – Gant un devotion bras donet a reot em zi, – Da bresanti ho calon da Jeans ha Mari, 6° An Autrou Querne en d’eus gant e ch’rac ordrenet, – Ma vise e Douarnenee e leac’h m’emeus chomet, – E Porzu tostic d’ar mor batisset ur Chapel, – Da c’hloar Doue hac enor Autrou Sant Michel, 7° An AElez ar Barados o d’eus nao guelch sonnet, – Ur c’hloc’h invisibi, e leac’h m’emeus guelchal chommet, – Quemerit couraich eta, depechet Christenien, – Nao son so bet, pret eo monet dan Offeren. 8° Cals a Belerinerien a zui a pel bro, – Da visita ur Chapel savet a nevez-so, – An traisou pa ve a aour a vezo sur uset, – Gant ar Pelerinet, a vezo inspiret. 9° Er Chapelle Sant Michel gracou a vezo roet, – Ha re va Mœstres puissant pidi Salver ar bet, – Ar re mut a bresego, ar re dall a velo, – Ar re mut a bresego, ar re dall a velo. 10° Ar re bousar a glevo, ar re cam a guerso, – Ar re bousar a glevo, ar re cam a guerso, – Hac ar re so afliget, soulaich o deveso, – Hac ar re so afliget, soulaich o deveso. (M. Abgrall).

Nota 3 : Au-dessus de la porte principale, sous le clocher, on lit cette inscription : Mre HIE : PAILLART : RECT : DE : PLOVARE : MICHEL : POVLLAOVEC : FABRIQVE : 1664. Sur le petit clocher à dômes superposés se trouve la date de 1665. L’édifice affecte la forme d’une croix, avec l’abside et les deux branches du transept terminées en hémicycle. L’autel est surmonté d’un retable à colonnes torses contenant les statues de saint Michel terrassant le dragon, la Sainte-Vierge, sainte Anne et, en haut, la Sainte-Trinité. Au fond du transept Sud est un tableau sur toile représentant une apparition de la Sainte-Vierge à Michel Le Nobletz : l’Enfant-Jésus lui présente trois couronnes ; le vénéré missionnaire est à genoux et un lys à ses pieds. Une inscription porte ce texte : Le révérend Père Michel Le Nobletz mourut en 1652, âgé de 75 ans. Ce qui fait l’intérêt de cette chapelle ce sont les peintures historiques et symboliques qui ornent et recouvrent entièrement le lambris ou plafond en bois, et qui ont été exécutées dans la période de 1667 à 1675, comme nous l’apprendront les inscriptions et dates. dont nous nous occuperons à la fin. Dans l’abside sont représentés les quatre évangélistes : saint Marc, saint Mazé, saint Luc, saint Jean, puis les quatre grands docteurs d’Occident : saint Hiérosme, saint Ambroise, saint Augustin et saint Grégoire. Ensuite viennent des scènes de la vie de la Sainte-Vierge et de Notre-Seigneur ou des représentations figuratives ayant trait aux différents ministères des anges auprès des hommes ; nous les citerons dans l’ordre où nous les trouvons pour suivre tout du long la série, quoique ce ne soit pas toujours la suite logique et chronologique, particulièrement dans l’histoire de Notre-Seigneur. Au bas de chaque tableau est un texte que nous donnerons, avec la description du sujet, quand il y aura lieu. — 1. Auprès de saint Marc, du côté de l’Evangile : la conception de la Sainte-Vierge ; sainte Anne et saint Joachim sont en vénération et en contemplation devant la Vierge Immaculée apparaissant dans les nuages, couronnée de douze étoiles. Au-dessus plane le Père-Eternel bénissant, la main gauche posée sur le globe du monde, la tête parée du nimbe triangulaire. — 2. Nativité de la Sainte-Vierge ; une femme porte des gâteaux dans un plat. — 3. Présentation de la Sainte-Vierge. — 4. L’Annonciation ; ou plutôt la moitié de cette scène, car il n’y a ici que l’ange Gabriel ; et la Sainte-Vierge, qui est le complément du tableau, se trouve en face de l’autre côté. — 5. Dans le transept Nord : Lange nous arme ; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche. — 6. Lange nous anseigne ; un petit enfant écrivant, l’ange lui montre un livre. — 7. Lange qui nous esclaire ; il tient un flambeau allumé. — 8. Lange de dévotion ; il tient un gros chapelet. — 9. Lange de paix ; il tient une couronne et une palme. — 10. Lange chef de larmée de léternel ; tenant un glaive. — 11. Lange gardien ; conduisant un enfant. — 12. Lange tient Satan enchaisné. — 13. Lange envoié pour nous défendre ; il tient un bâton et un glaive. — 14. Lange porte cierge bénist ; il tient un cierge et une couronne. — 15. Lange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon. — 16. Lange nous mène à la pénitence ; il conduit un enfant dans un confessionnal. — 17. Lange nous mène à la sainte communion. — 18. Lange nous assiste à la mort ; il exhorte un moribond et le démon s’enfuit. — 19. La salutation de lange ; la Sainte-Vierge faisant pendant à l’ange Gabriel dans la scène de l’Annonciation. — 20. La résurrection de Nostre Seigneur. — 21. Lascension de Nostre Seigneur. — 22. La descente du S. Esprit sur les apostres. — 23. Le mariage de la sainte Vierge. — 24. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis. — 25. La mort du juste. — 26. Passant du côté de l’Epître, au bas : les anges montent et descendent dans léchel de Jacob. — 27. Lapparition de saint Michel ; c’est la manifestation du mont Gargan ; on voit le bouvier lançant sa flèche vers la caverne. — 28. Le Sauveur Jésu crucifié. — 29. Jésu portant sa croix. — 30. Jésu est couronné d’épines. — 31. La flagellation du Sauveur. — 32. La prière au jardin. — 33. Dans le transept Sud : Nostre Seigneur disputant ; au milieu des docteurs. — 34. Nostre Seigneur est adoré de trois rois. — 35. Nostre Seigneur est né en Betlem. — 36. Prends la t de Jésus-Christ ; ange tenant une croix. — 37. Saint Paul. — 38. Dom Michel le Nobletz, prestre ; il est représenté en surplis et en étole, les mains jointes. — 39. Mère de Dieu P. P. N. (priez pour nous) ; la sainte Vierge les mains jointes. — 40. Sauveur du monde A. P. D. N. (ayez pitié de nous). — 41. Saint Michel. — 42. Saint Pierre. — 43. Si tu veux une couronne de gloire ; ange portant une couronne de roses (Le panneau est le complément du n° 36). — 44. La Vierge est couronné reyne des anges et des hommes. — 45. La Vierge est ensevelie par les apostres. — 46. Le trépassement de la Vierge ; la sainte Vierge est sur son séant, entourée des apôtres, dont l’un porte la croix et un autre un cierge allumé. — 47. Au chevet ou abside : La visitation de la Vierge. — 48. La purification de la Vierge. — 49. Lassomption de la Vierge. Autour de la clef sculptée qui est à la croisée des transepts se trouvent les inscriptions suivantes : N . H . LANLARCH . GOUVERNEUR . 1674. — Mre. GVILLAVME . PAILLART . RECTEVR . 1675. — PEINCT . PAR . LE . SIEVR . DE. PRATANBARS . 1675. — Mr. MICHEL . CONAN . POVLLAOVEC . CVRE. — V. ET. DISCRET. G . PAILLART. DOCTEVR . 1692. — H . H . ALAIN . SAVIDAN GOVVERNEVR . 1675. — MESSIRE . JAN . COVLLOCH . CVRE . 1675. — MESSIRE . HIEROSME PAILLART. 1667. Les comptes de la chapelle Saint-Michel qui sont conservés aux Archives départementales nous donnent quelques détails intéressants sur sa fondation, sur les ornements dont elle était pourvue et sur quelques marchés conclus pour son embellissement ; nous donnons ici un extrait du compte de 1672-1673 rendu par Guillaume Coulloc’h, gouverneur et trésorier : « Se charge le dit comptable de deux contrats sur velin concernant le fondement de la dite chapelle, l’un touchant l’applacement de la mesme chapelle du bout devers l’Occident acquis du temps de la charge du sieur Michel Poullaouec, premier gouverneur d’icelle d’avecq honorable femme Marguerite le Gludic, veuffve de Jean Lozeach, daté du trantieme jour d’Octobre 1663 et l’autre pour l’ap­placement du cloistre acquis d’avecq André Bretivet et aultres par Missire Louys Grivart aussy gouverneur, le 29me Juillet 1668, au rapport de Lyminic, notaire. Se charge de quatre calices dont deux grands dorés et deux plus petits d’argent, de quatre missels, deux orceaux d’argent, dix chasubles de diverses couleurs, quatorze nappes garnyes de dentelles, deux aubes garnyes de belle dentelle et sept autres de petite dentelle, etc., sept devant d’autels ». On y voit figurer une chape et deux tuniques de satin ; en ex-voto : « Trois coeurs d’argent, un double cœur d’argent, trois chapelets de cristal où il y a des croix et marques d’argent, un chapelet de coral avec croix d’argent ». Au mois de Juin, le comptable a reçu en offrande 138 livres, « comprins les foires de la Pentecôte et le dimanche de la Trinité ». La somme totale des offrandes pour l’année est de 450 livres environ. A l’article de la décharge, nous relevons ce qui suit : « – Payé en deux tunicques, fanons et estole de satin à fleur blancq pour décorer et orner la chape de mesme étoffe, 50 livres 10 sols. – A MM. le recteur, curé et prestres pour leur assistance à l’office divin tant le jour de la feste de Monsieur St Michel que le dimanche ensuyvant jour du pardon, 13 livres 10 sols. – Pour ayder à la dépense faite par les Révérends Pères Jésuites pendant la huitaine du pardon, 4 livres 10 sols. – Le jour que Monsieur de Plouere, les sieurs Lozeac’h et Poullaouec furent pour debvoir traiter avec maître Paul au sujet de la sculpture des deux imaiges de St Joseph et St Joachim avec leurs custodes, payé en la collation : 50 sols. – Plus le jour qu’il fut accordé en la maison de l’église à Plouere avec le dit Maurice Paul et Jan Paul son fils, tant pour la sculpture que pour la peincture et dorure des dites imaiges, payé en collation 28 sols. – Pierre Larroue quy avoit fourny les ferailles qui attachent les dites imaiges et custodes, payé 9 livres. – Au désire du marché passé avec les dits Maurice et Jan Paul le 24 Octobre dernier a payé le sept Janvier (1673) 340 livres pour la sculpture, peinture et dorure des dites imaiges. – Pour les frais de la mission faicte jusqu’à ce jour 16 May, payé, sans compter le vin payé par Monsieur de Ploueré, 18 livres. – A M. le recteur de Plouere pour son tiers des offrandes tombées dans la dite chapelle pendant l’année de la charge du comptable : 151 livres 12 sols 3deniers ». Ce compte fut présenté à Gourlizon le 17 Mai 1673 et approuvé par M. Louys Deshayeux, official de Cornouaille, et Guillaume Cariou, promoteur.

la chapelle Sainte-Croix (XVII-XVIIIème siècle), dépendant de la paroisse de Ploaré. Il s’agit d’un édifice rectangulaire, presque carré, avec portes ouest jumelées. Il porte au chevet la date de 1655 et sur les côtés, les inscriptions « M. A. Guegenou R. 1655 » et « G. Le Saouet F. 1655 ». La façade ouest porte l’inscription « Ch. Pellenec F. 1701 » ;

l’ancienne chapelle Sainte-Thérèse (1953), dépendant de la paroisse de Tréboul. Il s’agit d’un édifice rectangulaire de quatre travées avec chevet plus étroit, édifié en 1953 par l’entrepreneur M. Morvan et bénit le 6 décembre 1953. La chapelle abrite une statue de Sainte Thérèse ;

l’ancienne chapelle Saint-Petroc, aujourd’hui disparue, située à Lopäerec et ayant appartenu jadis à la paroisse de Tréboul. Seule la fontaine, dédiée à Saint-Pierre, subsiste ;

l’ancienne chapelle Saint-Laurent, ayant appartenu jadis à la paroisse de Ploaré et aujourd’hui disparue ;

l’ancien oratoire domestique de Kervern. On y trouvait jadis une statue de la Vierge et une statuette de la Vierge-Mère ;

le calvaire de Tréboul (XV-XVIème siècle) .

la croix (moyen âge), située 4, rue de Cras-Men ;

la croix (moyen âge), située chemin de Penity ;

le calvaire de l’enclos paroissial de la chapelle Saint-Vendal ou Saint-Guendal (1654 ou 1655). Sur le croisillon se trouve l’inscription « Garant Recteur de Poudregat ». Il paraît provenir de l’atelier de Rolland Doré. De chaque côté du Christ se trouvent deux évêques, alors que la Vierge et saint Jean, leur sont adossés. Une Vierge à l’enfant est située au revers de la croix ;

d’autres croix ou vestiges de croix : Croaz-Hent-Kerroué (1953), la croix du cimetière de Douarnenez-Ploaré (XVIème, XXème siècle), Croaz-Kerloch (1743, 1867), la croix du cimetière de Douarnenez (vers 1950), Pouldavid (1881), Kerem (1824), la croix de l’église de Tréboul (1886), les deux croix du cimetière de Tréboul (vers 1640 et vers 1920), Ménez-Birou (1652, XIXème siècle) ;

la fontaine Saint-Pierre (1860-1879), située à Tréboul. Elle est dite « Feunteun Sant Per Baour » (la fontaine du pauvre saint Pierre) ;

la fontaine, située rue du Roi-Gradlon (1868) ;

l’île Tristan, habitée depuis l’âge de bronze. Elle devient au XIIème siècle le siège d’un prieuré de l’abbaye de Marmoutier. Au cours des deux siècles suivants, le nom de l’île connaît plusieurs variantes orthographiques : insula Sancti Tutuguarni, insula Tutualdi (en 1162), insula Tutualdi (en 1248), insula Sancti Tutualdi (en 1253), insula Sancti Tutuarni (en 1255), insula Sancti Tutuarini (en 1255), insula Sancti Tutuarni (en 1264), lille Saint Tutuarn (en 1337). Durant les guerres de succession de Bretagne, les partisans des deux factions, d’un côté Jean de Montfort soutenu par les Anglais, de l’autre Charles de Blois allié au parti français convoitent cette île et s’en rendent maîtres à tour de rôle. En 1353, alors que Charles de Blois est à Londres, ses partisans passent au fil de l’épée toute la garnison anglaise de l’île. C’est aussi vers le milieu du XIVème siècle que l’on constate la substitution de saint Tutuarn en Trestan et Tristan. Cette île retrouve un certain renom vers la fin du XVIème siècle avec les guerres de la Ligue et le célèbre Guy Eder de La Fontenelle. L’île est acquise en 1854 par Gustave Le Guillou Penanros, qui reconstruit progressivement les édifices du XVIIIème siècle. L’île tombe ensuite, en 1911, entre les mains de Jacques Richepin, qui y fait bâtir une chapelle (Chapelle des Aviateurs) pour commémorer la première traversée Paris-New-York sans escale par Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, les 1er et 2 septembre 1930 ;

le fanum (1er siècle) de Trogouzel. Il s’agit d’un temple construit sous l’empereur Domitien (51-96) ;

le phare (1856-1857) de l’île Tristan ;

la batterie de l’île Tristan (1862) ;

la maison (XVII-XVIIIème siècle), située à Plomarc’h-Tosta ;

la maison (XVI-XVIIème sicle), située 38, rue du Port-Rhu ;

la maison (XVIIIème siècle), située 41, boulevard Camille-Réaud ;

la maison (1584), située 8, rue Boudoulec. Cette maison est encore appelée « château du Rosmeurp » ;

la maison (XVIIIème siècle), située 15, rue de la Mairie ;

le puits de Kersunou (1651) ;

1 moulin à Douarnenez ;

19 moulins à Pouldergat et Pouldavid: les moulins à eau de Penarcreac’h, de Pouldavid, de Kerguesten, de Trémébit, du Roz, de Kernaou, Vert, de Kerlivic, de Kerguélenen,…

6 moulins à Ploaré : les moulins à eau de Keratry, de Keriloux, de Poulcoustang, de Kerru, de Pouldavis, de Bréhuel ;

A signaler aussi :

le menhir de Tréboul (époque néolithique) ;

la stèle de Ploaré (âge du fer) ;

des cuves à salaisons (II-IVème siècle avant Jésus-Christ) à Plomarc’h-Pella. On y fabriquait le garum (jus de poisson fermenté) servant à épicer les aliments ;

la pêcherie de Plomarc’h-Pella (moyen âge) ;

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